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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

24 septembre 2020 à 02:00

On va le regretter, ce dernier salon où l’on causait. Enfin, quand je dis qu’on causait, on écoutait plutôt. Déjà que confier sa tête chenue aux mains expertes de la coiffeuse, vous met dans un sentiment de dépendance peu propice à la rébellion, l’idée ne me serait pas venue de contrarier sa nature narratrice.

A sa coutumière question: «Comment je vous les coupe?» jamais je n’ai été tenté de lui répondre «en silence». Car alors je me serais privé d’une flopée de nouvelles sur les gens d’ici et d’ailleurs, sur la vie qui va, quoi. Et sans supplément, toutes taxes comprises, sans une once de médisance. Ça faisait du bien.

Dès la fin de la semaine, on en parlera au passé. A cause de l’obscurantisme d’un propriétaire, peu ouvert aux intentions novatrices de ma coiffeuse préférée. Elle coupe. Lui devrait raser. Les murs. Ça lui éviterait de friser le ridicule.

On en rit et pourtant… Ça n’est pas drôle. Plusieurs fois évoquée dans cette chronique, la question de savoir comment on vivra après la pandémie, trouve ici une réponse évidente. Mais comme avant, ma bonne dame.

Comprendre qu’un salon de coiffure au village, ça n’est pas juste un local à louer, mais qu’il y a le salaire, et le bonheur qui va avec, d’une professionnelle compétente, fidèle au poste depuis vingt-cinq ans, est-ce trop demander?

Et moi, vous y pensez, comment je vais faire désormais pour avoir mes nouvelles? La télé, la radio? On n’y parle que du virus. Elle aussi, me direz-vous. Je vous répondrai pas que… Et si elle en parlait, c’était avec des références. «Je connais une cliente qui m’a dit», comme preuve, c’est quand même plus sérieux que les statistiques de l’Office fédéral de la santé publique, non?

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