L’Egratigneur

Tout giron qu’ils étaient, les gens de chez nous, d’apprendre que le choix du Conseil d’Etat s’est porté sur Grange-Verney, pour en faire l’un des deux pôles agricoles vaudois. Cependant, même dans le pré, le bonheur reste du chagrin qui se repose. Les Broyards ont vu leur enthousiasme vite assombri sous l’étouffoir des réticences proclamées par Prométerre, prestigieuse organisation professionnelle, basée à Lausanne.

Il est reproché aux autorités de placer le futur pôle de compétences des activités agricoles, dans une «région excentrée»…

Moudon, la Broye, proclamée région excentrée pour l’agriculture. Il fallait oser!

Une attitude qui me rappelle l’invitation à une escapade broyarde, lancée à l’époque à ses chefs de service par le conseiller d’Etat Pascal Corminboeuf. Alors que ceux-ci suaient et se musclaient les chevilles sur les talus des lieux, l’élu, sourire en coin, avouait à la presse qu’il avait juste voulu leur rappeler que le Plateau est moins plat pour ceux qui le cultivent, que placardé aux murs de leurs bureaux.

A l’évidence, les fonctionnaires lausannois de l’agriculture sont peu pressés de goûter à l’ivresse de la proximité et à la saveur du terroir. Pourtant, «exilés» en terre broyarde, ils pourraient apercevoir, par la fenêtre de leur bureau, les paysans qui nous nourrissent trimer sous leurs yeux. Ça peut être difficile à supporter, mais c’est mieux que le télétravail et plus porteur qu’un regard attendri sur les bacs à persil des balcons de la cité.

Allez Messieurs, acceptez de venir chez nous, un moment de honte est vite passé! Sinon, vous allez nous amener à penser que seules les cultures hors sol ont encore de l’avenir