Le masque étant à l’élocution ce que la langue de bois est aux élucubrations politiques, les salles d’attente peuvent receler de véritables perles, à l’heure de commenter la vie qui va. Surtout si les lieux sont majoritairement peuplés de sujets qu’il n’est pas inconvenant de classer dans le groupe à risque… d’avoir quelque peine à ouïr.
La truffe humide et le regard embué, lundi dernier, deux patientes échangeaient ainsi leur appréciation d’une actualité offerte à leur charitable analyse.
− Qui aurait dit, il y a seulement quelques semaines, qu’il en serait là?
− D’autant plus que les journaux étaient plutôt rassurants quant à l’avenir.
− Harceler les gens à ce point, c’est insupportable.
− Et là contre, il n’y a toujours pas de vaccin.
− A ce qu’ils disent, à la télévision, il y en aurait deux autres.
− Sûr qu’on ne va pas vers le beau.
− Je n’ai pas revu Janine, elle qui nous confessait ne jamais se mettre sous la couette sans une pensée pour lui, elle est servie.
− Moi je préfère ne pas trop y penser, ça m’empêche de dormir.
− On peut dire qu’il ne manque pas de souffle.
− Lui pas, mais ma voisine qui l’a eu n’a pas encore totalement retrouvé le sien.
− Elle l’a eu. Comment elle l’a eu?
− Ben, parce que certains ne respectent pas les gestes barrières et qu’il en a profité.
− Mais je croyais qu’il s’en prenait aux jeunettes.
− Aussi, mais pas que. Même le Georges à Claudine en a été victime.
− Attendez, vous parlez de quoi?
− Du virus, pardi.
− Je ne vous parlais pas du virus, mais de Darius.
− Pardonnez-moi!…
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