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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

3 décembre 2020 à 01:00

Alors que chez nous, ils sont descendus dans la rue pour poser publiquement la question de savoir qui allait payer l’addition, à Lisbonne, un groupe de patrons d’établissements publics a décidé de faire la grève de la faim.

On mesure l’abîme culturel séparant nos peuples. La même préoccupation du tiroir-caisse, et pourtant… Ici l’appel à la diffusion en boucle de la rassurante petite musique de nuit des espèces sonnantes (si peu) et trébuchantes (de plus en plus). Là-bas, la détermination de l’Ibère rude, qui refuse de manger sa soupe de maquereau, pour faire «plier les morues» (dixit un patron de troquet de l’Alfama) ayant imposé la fermeture de leurs auberges.

Les gens de pouvoir devaient se méfier. Quand les princes de la gastronomie et les barons de la limonade descendent dans la rue, ça n’est plus une révolte, c’est la révolution. Comme certains furent tentés de l’expliquer à Louis XVI, dit le Bref après l’exécution de la sentence.

Heureusement pour la corporation et aussi, bien sûr, pour ses fidèles, les gens de pouvoir de nos contrées ont décidé qu’à partir du 10 décembre, ils pouvaient rendre ses lettres de noblesse à la table ronde de l’apéritif. Cet exutoire de toutes les frustrations, ce creuset des destinées politiques les plus inattendues. Comme s’annonce la campagne électorale dans certaines bourgades broyardes, il eût été sacrilège de priver le peuple de ce précieux outil démocratique.

Mais à l’heure de trinquer, il faudra avoir une pensée compatissante pour les pintiers de Lisbonne, farouchement décidés à ne plus manger, avec juste un verre d’eau claire. Petite chance dans leur malheur: Là-bas, la carafe d’eau du robinet est gratuite!

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