L’Egratigneur

«Défense de parler au conducteur!»

La recommandation a la saveur surannée d’une époque bien révolue, où le passager de l’autobus avait coutume de partager, avec le chauffeur, ses impressions sur la météo et les dérives des notables. Si on y ajoute l’augmentation du trafic, avouez que l’avertissement aux bavards avait sa raison d’être.

Un appel au silence totalement saugrenu, dans les bus du futur qu’on expérimente ces jours-ci en terre fribourgeoise. On les a imaginés sans conducteur au volant. Juste un aiguilleur, dans son bureau, qui veillera à faire conserver aux véhicules une trajectoire cohérente, par écrans interposés.

Raison d’une telle démarche: l’économie de nombreux salaires de conducteurs et une desserte améliorée des zones excentrées… Puisse le destin me donner assez d’années à vivre pour voir ça un jour. Réconfortante perspective de mourir vieux!

Farouchement confiant, pourtant, dans l’avenir qu’on nous prépare, je refuse d’imaginer le chaos sur nos routes, provoqué par les piratages informatiques à répétition devenus coutumiers. Prendre un bus le matin pour Estavayer et se retrouver à Gossau sur le coup des quatre heures, ça peut avoir son charme, mais tout de même… Après ça, quand on voudra quand même parler au conducteur, il faudra taper: «Pour une question sur l’horaire, tapez la touche 1, pour une réclamation, tapez la touche 2, pour une demande d’information générale, tapez…»

Ça sera quoi, la prochaine étape, sur le progrès de notre mobilité? Suspendu à un drone, qui nous livrera au lieu souhaité? Il y aura intérêt à bien fixer les courroies du baudrier et à se vêtir en conséquence, car je vous le dis, on ne va pas vers le beau!