L’Egratigneur

Petite lettre ouverte aux députés vaudois.

Comparaison n’est pas raison. Mais la tempête qui fait rage sur les eaux glauques du Lac des cygnes, où navigue à vue le Béjart Ballet Lausanne, a failli occulter une surprenante nouvelle, issue de vos rangs. Les membres d’une de vos commissions parlementaires viennent de valider la création d’une «instance indépendante», destinée à gérer les cas de harcèlement sexuel au sein du parlement cantonal. Rien que ça!

Cent cinquante députés et députées, payés par nous pour faire fonctionner les institutions… Et les voilà qui s’apprêtent à nommer une «instance indépendante», toujours payée par nous, pour remettre à l’ordre quelques gougnafiers au langage rustre et à la main leste. Avez-vous songé qu’en appliquant au petit peuple des Vaudois la même incapacité à laver son linge sale en famille, ce sont 5435 instances indépendantes qu’il faudrait créer, pour les 815 300 habitants que compte ce canton? Ben oui, comme au Grand Conseil, juste une pour 150 habitants. Pas plus ni moins.

Je vous le dis, Messieurs, va falloir vous reprendre. Les élections approchent et si vous ne le faites pas rapidement, c’est nous qui, au printemps prochain, serons tentés de siffler la fin de la récréation, pour la classe des garçons. Un parlement formé de 150 femmes uniquement, avouez que ça aurait du panache, non?

Naïf comme on peut l’être à mon âge, je vous imaginais élus pour régler les grands problèmes d’une société du vingt et unième siècle. La santé, l’école, la sécurité, l’économie et toutes ces bonnes choses qui vont avec.

«Tout le monde peut se tromper», comme disait un hérisson en descendant d’une brosse à tapis.