Logo

Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

29 juillet 2021 à 02:00

Une réputation de santé chancelante, ça peut naître tout bêtement, c’est le cas de le dire:

— Josiane a téléphoné pour prendre de tes nouvelles.

— C’est gentil, mais pourquoi, comme ça, sans raison?

— Son homme t’a vu sortir de la Coop avec trois packs de bières sans alcool. Comme elle contient, paraît-il, des molécules anti-inflammatoires, elle voulait savoir…

Je sens que je ne peux espérer l’économie d’une explication.

La bière, c’est juste pour remplacer les petites pilules bleues, dont raffolent les limaces… mais qui s’avèrent funestes pour les hérissons s’en délectant. Cette année particulièrement, comme dans la poésie de notre enfance, les loches «s’en vont, la mine têtue, vers mon beau carreau de laitue, que j’arrose de tout mon cœur». Enfin, plutôt le ciel, mais la poésie disait que c’était moi.

Une amie, au fait de tous les secrets de la nature, m’avait doctement averti: «Jamais de bière avec alcool contre les limaces.» Parce qu’après s’être noyées dans la petite mare de cette bibine qui les attire tant, le hérisson qui les mange a l’alcool rigolard. Lui, dont c’est la nature de se mettre en boule, fait la sieste en pleine journée dans la luzerne, le ventre à l’air et les doigts de pied en éventail.

Le milan royal, friand comme on le connaît, de tripes de hérisson à la bière, s’en goberge puis rentre au gîte en imitant, juste pour rire, le vol du milan noir. Sa femme, qui ne l’a jamais vu dans cet état, ne le reconnaît pas et le vire du nid conjugal.

Et ça, je ne le veux pas plus que la mort du hérisson. D’où l’acquisition d’une bonne réserve de bières sans alcool.

Mais Josiane, c’est quand même gentil d’avoir pris des nouvelles de ma santé.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus