L’Egratigneur

Le café du matin dans une main et le journal dans l’autre, je me dynamise pour affronter une journée autoproclamée de rangement, par la fée du logis.

Au sommaire de la une, ma tentative de doper quelques parcelles de ma nature optimiste a déjà du plomb dans l’aile. Comme invitation à entrer de plain-pied dans la vie des autres, histoire d’oublier un peu la mienne, on me sert une victime d’usurpation d’identité qui raconte son calvaire, un conducteur auteur du massacre d’un champ de maïs et la prison à vie requise contre le meurtrier de Samantha.

Sur la pointe des doigts, je me glisse à l’intérieur du journal, habité par le naïf espoir de me couler douillettement sous la couette de nouvelles un chouïa plus allègres.

Je suis comblé… En page 3 déjà, on m’apprend que le patron des restaurateurs vaudois s’est fait traiter de «nazi» par des antivax, alors qu’en page 5, on m’assure que les fraudeurs sont partout.

Ajoutez au tableau un Lausanne qui n’arrive toujours pas à gagner, le joyeux essor de la gangrène des matches truqués et vous comprenez que ça n’est pas du sport que viendra le salut d’une actualité plus lumineuse.

En touillant au fond du panier, je débusque tout de même une nouvelle qui me fait sourire. Pas celle de l’engagement futur de gardiennes du corps pour le pape François. Car là, vu son âge et le mien, on pourrait bien ne pas voir ça de notre vivant. Non, un média en ligne helvétique projette de diffuser désormais ses informations en portugais, en albanais et en turc. Afin que les immigrés qui maîtriseraient mal toutes les subtilités de nos langues nationales, aient eux aussi accès aux bonnes nouvelles de la planète.

Les veinards…