L’Egratigneur

Il ne faudra pas m’en vouloir, mais cette semaine, je dois faire vite.

Ça a commencé ainsi. Dans une louable tentative d’évangélisation climatique, la section régionale des Grands-parents pour le climat m’a mobilisé pour une marche contre les changements météorologiques.

Ces rassemblements, on croit que c’est facile, qu’il suffit de défiler pour que les choses changent, mais c’est plus compliqué que ça.

Malgré une méchante douleur à l’épaule, j’ai serré les dents pour hisser bien haut ma pancarte frappée du sceau d’une espérance d’un meilleur climat. Après avoir connu un été plus imbibé qu’un marin polonais, j’imaginais déambuler pour obtenir, enfin, un automne ensoleillé. C’est en captant des bribes de conversation, au fil du cortège, que j’ai compris que je m’étais fait avoir. Je ne défilais pas pour mais contre le réchauffement climatique…

Constatant mon désarroi, un participant m’a recommandé de ne pas m’en faire, l’important étant de ne jamais arrêter de revendiquer. C’est ainsi que le samedi suivant, j’ai déambulé contre le certificat Covid avec une pancarte disant «Si vous touchez à nos libertés, ça va péter». Un slogan que j’ai pu recycler le week-end d’après, en défilant, cette fois-ci, pour le libre droit de se faire vacciner, sans se faire engueuler par les vaccinosceptiques.

Il n’y a plus une semaine où je ne défile pas pour une noble cause. Je dois vous laisser d’ailleurs. Je pars tout soudain au Jura, pour une manif contre l’abattage des loups. Heureusement, je dors sur place. Ainsi, le lendemain – si je veux passer à la télé – je pourrai être en tête du cortège qui va revendiquer une meilleure protection des troupeaux sur les pâturages.