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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

16 décembre 2021 à 01:00

A sévir comme chroniqueur de proximité, il peut y avoir péril de blessure d’amour-propre. Surtout qu’il n’est pas toujours aisé de respecter la consigne déontologique de ne jamais manger sur le lieu de son forfait.

Celui qui, de Berne ou de Genève, commente la situation à Pékin ou en Biélorussie, n’est pas contraint de partager le couvert avec les inspirateurs de ses réflexions. Et sur les lieux dépeints, quand les journalistes trinquent, c’est rarement avec un verre de chasselas en main. Il en va autrement en terre broyarde.

Au village, une équipe d’animation d’une radieuse efficacité organise une fois l’an une journée de rencontre des habitants de tout âge, en lisière de forêt. Quitter les lieux juste après le discours du syndic, avant le partage du saucisson à la braise et la partie de cartes de l’après-midi, serait interprété comme une impardonnable trahison.

Imaginez la scène! On est en automne, la température est douce encore et les derniers rayons du soleil offrent aux pentes du Moléson une coloration rosée du plus bel effet. J’ai dans mon jeu cent les as en pique double. La municipale s’avance dans la pénombre et me révèle que l’équipe d’animation pense récidiver dans l’exploitation d’une meule à charbon, qui avait connu un magnifique succès, il y a quelques années. Le bonheur, quoi!

Elle suggère que le moment venu, je reprenne la plume pour annoncer la bonne nouvelle. Prudent, je lui rétorque qu’au rythme où mes neurones se font la malle, il serait bien de ne pas trop attendre pour monter l’opération.

«Ça n’est pas grave, juge-t-elle, tu n’as qu’à écrire l’article maintenant et, le moment venu, on n’aura qu’à rajouter les dates…»

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