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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

3 février 2022 à 01:00

Le dimanche s’annonçait serein. On s’était mis d’accord pour une fondue après la rencontre, afin d’accorder à celle-ci une attention à la hauteur de l’enjeu. Rafael Nadal contre Daniil Medvedev: à savourer dans un silence religieux.

La question qui ébouriffe m’a cueilli au mitan du premier set:

– Tu tiens pour qui, toi?

– Comme toi, pour Federer.

– Non, sérieusement, pour qui?

– Pour Rafa.

– Tu penses qu’il est le plus fort?

– Je ne sais pas. C’est pour le climat. J’aime mieux les alizés des îles espagnoles que les bourrasques sibériennes.

– Moi je soutiens Daniil, place aux jeunes et puis regarde, il a l’air si malheureux. Tu entends que le public est largement pour Nadal. C’est minable.

– Pas étonnant, tu as vu comme il est fringué, ton Russe? Gris de la tête aux pieds. Sûr qu’à partir du cinquième rang, il est invisible. Et le cheveu gras de transpiration.

– Non, mais question transpiration, tu as vu le tien? Il se dope à l’huile d’olive, ou quoi? Gris peut-être, mais flamboyant sur le court, le mien. Dans l’ombre ton hidalgo!

Avant l’amorce du deuxième set déjà, il était clair qu’en s’appropriant ainsi chacun son joueur, on venait de bousiller l’espoir d’une rencontre paisible. L’affrontement devenait rude. Au moins là-bas, ils étaient payés pour…

A la fin, alors que de l’autre côté du globe, Rafa brandissait la coupe, en face, ici, je levais haut le caquelon de la victoire:

– Ne sois pas triste, ça n’est qu’un match de tennis. Même celui qui a perdu gagne gros.

– C’est pas ça. Je voulais juste que Rodgeur conserve son record de victoires du grand chelem.

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