L’Egratigneur

Il n’y a rien de déraisonnable à donner rendez-vous à un ancien collègue, un mardi matin à 10 h 45, pour une quête réciproque de nouvelles. Heureusement, la pinte proposée par mon ami payernois pour cette petite pause apéritive est accueillante.

Pour bien lui montrer que je connais les usages, en premier arrivé sur le terrain, j’ai commandé deux décis de Commune, avec deux verres. Le joli temps qu’il m’accorde avant de se mettre à table est mis à profit pour découvrir la vie qui va, dans la presse gratuite du jour.

Lecture terminée, vingt minutes plus tard, de la table d’à côté, un habitué me fait une aimable visite commentée de la future patinoire payernoise, des ambitions de ses promoteurs, des possibilités d’une future extension. A l’évidence, il aime sa ville. Au point de regretter qu’on ait déplacé le… bureau du percepteur à Yverdon. La patronne ajoute que pour l’état civil, il faut aller même jusqu’à Moudon.

L’heure est à la confidence et quand je révèle l’identité du Payernois que j’attends, les clients sont unanimes à me suggérer que je me suis peut-être trompé de jour. Lui et ses amis animent habituellement les lieux le jeudi.

Le temps passe, mes deux décis perdent de la bouteille. En aimable messagère des rendez-vous oubliés, la maîtresse des lieux me propose de lui taper un petit rappel, par portables interposés.

C’est quand je vais m’en aller qu’il arrive, pile un tour d’horloge après l’heure de notre rendez-vous. Comme excuse, il ose affirmer que j’aurais moi-même suggéré, dans mon message internet, une rencontre à 11 h 45. Ce que je vérifie, bien sûr, en arrivant à la maison.

René, je suis honteux, c’est toi qui avais raison…

Mais re-santé quand même!