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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

24 février 2022 à 01:00

«Tu peux te réjouir, ça n’a plus rien à voir avec avant.»

Son avertissement sur les réjouissances à venir augurait le chemin épineux qui m’attend, le jour où mon tour sera venu d’y passer. Entrée avec autant d’élégance que de discrétion dans l’âge légal où le Service des autos s’enquiert des aptitudes à la conduite de ses seniors, elle m’a conté les détails de son chemin de croix.

Il est bien révolu le temps où le médecin nous demandait de suivre des yeux, et sans bouger la tête, le crayon qu’il éloignait progressivement de notre regard, pour conclure qu’on était apte à la conduite.

La jeune disciple d’Esculape, chargée de tester la vitalité des neurones et les facultés mentales de la patiente, a démontré en la circonstance une conscience professionnelle sans faille.

A l’accueil dans son cabinet déjà, elle lui a généreusement fourni une liste de cinq mots à mémoriser, pour les restituer une demi-heure plus tard, à la levée d’écrou, au moment de régler la facture.

Entre ces deux étapes, la conductrice en sursis a dû taper dans ses mains chaque fois que la praticienne prononçait un A, faire, ou plutôt dessiner un lit, puis un losange, un triangle, inventer une phrase puis la répéter à l’envers. Bref, toutes ces choses qu’on expérimente chaque jour en voiture, avant d’entrer sur un rond-point…

Libérée de la batterie de tests avec la réconfortante assurance de pouvoir reprendre le volant pour deux ans au moins, la conductrice n’était pourtant pas au bout de ses angoisses.

«A la sortie du cabinet médical, la tête sens dessus dessous, m’a-t-elle confié, j’avais conservé mon permis de conduire, mais je n’arrivais pas à me souvenir où j’avais parqué ma voiture…»

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