L’Egratigneur

Si c’est juste l’appel saisonnier de la nature, la cause est exaltante, je ne dis rien. Mais si le couple de fouines prend mes carreaux – où jusque-là poussaient magnifiquement la salade, l’ail et l’échalote – pour terrain de jeux permanent, il me faut sévir.

J’hésite à soumettre le problème à l’équipe de Monsieur Jardinier, à la radio? Si la finalité de ces turbulentes incursions en mon jardin est la création d’une famille, et que le jour où madame fouine perdra les eaux, les miens, d’aulx, pourront retrouver leur verticalité naturelle, c’est réglé, on n’en parle plus.

Mais si mon jardin doit, l’été durant, servir de champ d’exercice pour leurs coupables galipettes, je dois trouver la solution pour mettre fin rapidement à cette envahissante et dommageable colocation.

J’ai bien une idée, mais le doute m’habite.

J’apprends qu’en Valais, en remerciement de ses bons et loyaux services, on a offert à un grand serviteur de l’Etat le droit de tirer un mouflon, espèce protégée mais soumise à régulation.

J’avance là en terrain miné, mais avec les changements qui se préparent dans les hautes sphères de l’administration vaudoise, il devrait bien y avoir quelques cadeaux originaux à imaginer pour les multiples cérémonies d’adieu qui se préparent? Je ne serai pas opposé qu’en témoignage de gratitude, on offre à un grand commis de l’Etat sur le départ, le droit de tirer une fouine, sur mes terres.

La bête, réputée agile, étant peut-être plus compliquée à aligner dans le viseur que le paisible mouflon, il faut envisager l’échec. Pas grave! Le haut fonctionnaire concerné n’aura qu’à travailler une année de plus, pour retenter sa chance le printemps prochain.