L’Egratigneur

Jusqu’à point d’heure s’il le fallait, je voulais la vivre cette rencontre de tennis entre Rafael et Novak. Je m’y étais préparé autant qu’eux, sinon plus. Ma coach, qui connaît bien mes attentes nutritionnelles pour conserver à mon corps d’athlète son poids de forme, avait pris soin d’ajouter, à portée des fauteuils du salon, quelques canapés et boissons de circonstance.

Vous l’aurez remarqué j’espère, Nadal et Djokovic, je les appelle par leur prénom, comme les journalistes de TF1. Même que je dis parfois Rafa, pour bien souligner l’intimité. Prêt que j’étais donc, pour le grand soir!

Et soudain, le drame. Ma virtuosité légendaire à la zapette ne produit pas les effets habituels. Aucun match de tennis sur les chaînes publiques helvétiques ou de l’Hexagone… Un message à un copain – «Tu regardes le tennis sur quelle chaîne?» – me ramène à la dure réalité de la terre battue.

J’avais peut-être vu l’info passer, mais mon cerveau avait refusé d’enregistrer que pour 15 millions d’euros (ou de dollars, à ce niveau, ça n’a plus d’importance), la Fédération française de tennis avait vendu à Amazon Prime Video l’exclusivité des droits de diffuser les night sessions (en français dans le texte) de Roland-Garros.

Mon copain me dit qu’il se prépare les mêmes arnaques dans la retransmission du foot, du hockey et pour les étapes du Tour de France.

En résumé, si on n’accepte pas de cracher au bassinet des redevances privées, il nous restera, pour occuper nos soirées, le charret ou le mikado. Et à un certain âge, le mikado sans tricher, ça devient hasardeux.

Je nous prédis que pour renouer avec les grandes émotions du sport, un jour, on va être obligé d’en faire!