L’Egratigneur

Sur le ton mutin qu’elle a coutume d’utiliser pour les bonnes nouvelles, elle avait annoncé qu’en ce mercredi après-midi, elle prévoyait de faire du shopping avec Marlyse, sa copine

Il avait répondu que pour sa part, après avoir récolté les haricots du jardin souffrant sous la canicule, il irait se rafraîchir devant la télé, avec une arrivée du Tour de France augurée spectaculaire, dans les Pyrénées.

Pour bien souligner l’inégalité latente dont sont toujours victimes les femmes, elle avait ajouté qu’il en avait de la chance, de profiter ainsi du grand air, alors qu’elle se préparait à déambuler dans le confinement de boutiques outrageusement climatisées…

Puis ils partirent, l’une et l’autre, vers leur destin.

C’est en voulant mettre au frais ses haricots, qu’il eut quelques doutes sur les avantages de la vie en couple. L’imaginant encore dans son bureau, à l’étage, elle était partie en fermant portes, fenêtres et volets, sans lui laisser la clé d’entrée, puisqu’il pouvait ouvrir de l’intérieur.

Se glissant dans la cave par un soupirail, il espéra un temps retrouver ses pénates par la porte donnant accès au premier étage. Mais celle-ci aussi était fermée à clé de l’intérieur. Avec les voleurs, on ne sait jamais. La preuve!

C’est en redescendant les escaliers dans la pénombre qu’il a trébuché pour s’étaler quelques marches plus bas. Grand moment de solitude…

Il s’est demandé, au cas où le destin lui aurait fait la mauvaise farce de laisser sa vie dans l’aventure, si la famille aurait eu le réflexe d’un dernier clin d’œil, en mentionnant en tête du faire-part, «monté au ciel en descendant les escaliers de la cave»?

Suite et fin au prochain numéro.