L’Egratigneur

Presque chaque matin en me rendant à la poste, je croise un petit homme. Presque chaque matin, il est excité comme une puce. Il a toujours quelque chose à dire le petit homme. Bien souvent ce sont des remontrances contre le peuple, les cas sociaux, les autorités, la presse… Vite fait, mais très vite, tout le monde y passe!

Presque chaque matin, le petit homme, que nous appellerons Dédé, nous montre ses pièces à conviction, non sans nous avoir harangués d’un: «Viens voir là toi! T’as vu ça? T’en penses quoi?» Des photos qui parlent d’elles-mêmes. Ces images n’auront jamais leur place dans un musée, sauf celui des horreurs.

Presque chaque matin, notre petit homme fait des sauts, pas hauts mais réguliers. Remonté qu’il est, contre qui, contre quoi, contre la planète entière!

Presque à chaque fois, le petit homme trouve une oreille attentive auprès de ses interlocuteurs, mais ont-ils le choix? Compatissants, ces témoins sont inquiets pour la santé du petit homme et lui demandent de se calmer, pour ménager son cœur.

L’autre jour, notre personnage en avait gros sur la patate. Comme il voit tout, plus vite que les autres, il a été le témoin d’une scène «apocalyptique». Pour une fois, ce n’était pas un amoncellement d’ordures. Non, c’était pire! Des déjections de la pire espèce! L’indécence même!

Alors je me suis dit, en allant au turbin, qu’il fallait que je rende hommage non seulement à notre Dédé lanceur d’alertes, mais surtout à celle qui a dû nettoyer ces résidus de déchéance humaine sans broncher. Et à tous les autres qui ramassent les immondices posées sans vergogne dans les rues. Bravo, respect!

Quant à Dédé, repose-toi un peu!