L’Egratigneur

Si vous étiez une montre, mesdames, on appellerait ça une grande complication.

Avouez que dénicher, parmi vous, une future conseillère fédérale, n’est pas évident. Alors qu’en face, pour le choix d’un homme, le mécanisme est tout simple, style coucou de la Forêt-Noire. La petite porte s’ouvre, il sort la tête, «c’est mon heure, coucou me voilà, préparez la bière et les bretzels!»

Au lieu de ça, vous ne pouvez vous empêcher d’inspirer une multitude de questionnements, source d’une pernicieuse instabilité cérébrale parmi la population. Avez-vous des enfants? Si oui combien? Avec un seul vous allez manquer d’expérience pour représenter la famille suisse standard. Avec quatre en revanche, ça serait quand même mieux de vous en occuper, avant de songer à gouverner le pays. Si vous les avez nourris au lait maternel, vous incitez les véganes à vous reprocher de cracher sur le lait de soja. Au contraire, si vous avez fait le choix du lait en poudre, vous amenez l’aile gauchisante de votre parti à vous soupçonner de biberonner pour les multinationales de l’alimentation.

Ça frise l’incitation au trouble de l’ordre public. Il faut vous reprendre, mesdames, jamais un candidat masculin ne nous a mis dans un tel embarras. Elle est où, là, l’égalité tant convoitée?

Le peuple, qu’on prétend bon, il veut juste savoir si celles et ceux qui seront au pouvoir pourront lui garantir son pouvoir d’achat. Faute de quoi, il sera légitimé à se demander si lui veut garantir leur maintien sur le bord lustré de l’assiette au beurre.

Question subsidiaire qui préoccupe aussi la base, c’est celle de savoir si, une fois élue, la nouvelle venue sera toujours disposée à cuisiner les röstis?