L’Egratigneur

Villarzel l’Evêque, son église du XIIIe siècle, sa vénérable tour et, depuis peu, son mouvement d’expérimentation alimentaire.

Elle l’admet, la présidente du Conseil général ne s’attendait pas à ce que ses ouailles sautent de joie à la lecture des menus censés clore, dans la joie et la bonne humeur, l’année civique du corps législatif. Deux repas à choix pourtant qu’elle leur propose. Mais voilà, tous deux… végétariens!

Sur le mode «Pépé fait de la résistance», un conseiller est monté aux barricades pour transmettre à la présidente et à ses pairs son agacement face à ce qu’il considère comme une pernicieuse intrusion d’idéologie citadine. Et sans langue de bois au menu, je vous prie.

«Souvent femme varie», dit l’adage populaire. Ben non! La présidente a maintenu le cap de son expérimentation de menus officiels végétariens en zone rurale, dans la louable perspective de répondre aux multiples incitations à réduire la consommation de viande.

Et puis, végétarien, c’est vite dit. Il est précautionneusement précisé que le curry vert de légumes est enrichi d’un extrait de sauce de poisson. Alors…

A la tête d’un commerce offrant, en tête de gondole, un copieux choix de produits carnés, le syndic se refuse à trancher dans le lard d’un débat qui ébouriffe la coutumière sérénité des lieux. Le respect de la séparation des pouvoirs, ça ne se saucissonne pas. Même si l’élu sourit à la pensée que pour le coup, on ne saurait l’accuser de conflit d’intérêts.

Avec l’évolution des mœurs gastronomiques qui touche sa commune, peut-être est-il temps pour lui de songer à rebaptiser son négoce. L’appellation «Au Cochon d’Or» pourrait devenir «Le Cochon dort». Tranquille…