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Sport

Au sommet pour la bonne cause

Partis du niveau de la mer à Gênes le 2 juillet à vélo, le Payernois Yves Mégret et son partenaire Konrad Domanski ont gravi les 4808 mètres du Mont-Blanc à la force des mollets. Objectif: lever des fonds pour une fondation. Retour sur une expédition hors du commun.

Yves Mégret (à gauche) et Konrad Domanski peuvent se congratuler, ils viennent de se hisser sur le toit de l’Europe, pour la bonne cause.Photo ldd

Alain  Schafer

Alain Schafer

21 juillet 2022 à 02:00

Braver d’innombrables dangers en haute montagne et finir par se casser un bras lors d’une simple balade d’agrément à VTT, à peine revenu sur le plancher des vaches. Telle est la mésaventure survenue à Yves Mégret le week-end dernier. «Frustrant, même si je le mérite peut-être un peu, à force de multiplier les activités sportives sans qu’il m’arrive un seul pépin», plaisante l’infortuné, le bras dans le plâtre, mais la tête encore remplie de souvenirs d’une aventure vécue quelques jours auparavant.

Objectif sportif et caritatif

Accompagné par son pote Konrad Domanski, le Payernois a gravi le Mont-Blanc à la force du mollet en partant du niveau de la mer. Avec un objectif double, sportif et caritatif: vivre une expérience hors du commun et lever des fonds pour la fondation Jérôme Lejeune, qui soutient la recherche sur les déficiences d’origine génétique comme la trisomie 21, dont son petit frère Paul, 14 ans, est atteint. «Un grand adepte de sport qui adore le rafroball et le ski. Une inspiration qui m’a beaucoup apporté dans la vie. Nous lui avons dédié cette expédition. L’occasion aussi de sensibiliser les gens sur ce handicap, en tirer quelque chose de positif.» Pour chaque mètre gravi, un euro récolté, grâce à un financement participatif, soit 4808 euros, correspondant à la hauteur en mètres du point culminant des Alpes. Une magnifique symbolique sur un sommet emblématique. «J’avais d’abord rêvé de l’Everest, mais ce n’était pas réaliste, logistiquement et financièrement parlant. En plus, se rendre aussi loin en avion n’aurait pas eu de sens.»

Changement de plan

Le plus important n’est pas l’arrivée, c’est la quête. Le Broyard a pu vérifier par lui-même cette affirmation. Parti le samedi 2 juillet de Gênes à vélo, après une petite baignade d’usage dans les eaux de la mer de Ligurie, le tandem a d’abord traversé la campagne piémontaise pour rejoindre le val d’Aoste. «On s’attendait à une première partie monotone. Pas du tout, on est passés par des coins superbes, avec un très bel accueil des Italiens. Il a fait très chaud, avec des pics jusqu’à 40 degrés.» Il leur a fallu trois étapes et 320 kilomètres pour rejoindre Courmayeur au pied du massif, où ils ont abandonné leurs machines pour continuer à pied.

Après trois jours d’acclimatation à l’altitude et de mise en jambes sur quelques arêtes bien acérées, ils purent s’attaquer enfin au géant. «La voie normale par le Goûter est une autoroute, cela ne nous intéressait pas trop. On avait donc choisi à la base d’emprunter la traversée des Trois-Monts par l’Aiguille-du-Midi, la voie plus technique.» Les températures élevées ont changé les plans du duo, qui a rebroussé chemin et opté pour la voie dite italienne, rejoignant le refuge Gonella (3071 m) avant l’ascension finale le 10 juillet, avec un réveil à 1 h du matin et un départ à la lampe frontale pour éviter la foule et la chaleur. Un épisode allait définitivement les réveiller. «Notre guide a sauté une crevasse un peu plus large que les autres, nous l’avons vu disparaître. Notre premier réflexe a été de nous jeter au sol en plantant nos piolets et nos crampons pour enrayer la chute.» Une scène digne d’un film catastrophe, heureusement sans conséquence fâcheuse. «Suspendu 5-6 mètres plus bas, il a pu finalement remonter. Un bon shot d’adrénaline, à défaut de café», sourit Yves. La suite de l’ascension s’est faite sans encombre, avec un magnifique lever de soleil en prime pour les audacieux, loin d’être des novices en matière de trekking et de ski-alpinisme. La cordée a pu crier victoire à 8 h 30. «Nous ne sommes pas restés longtemps au sommet, le froid y était vif et on ne voulait pas traîner avant de descendre pour éviter les chutes de pierres. Il a fallu rester très concentrés, les accidents surviennent le plus souvent dans les descentes. Une semaine plus tard, les ascensions par la voie classique ont été temporairement suspendues à cause d’un trop grand risque d’éboulements. C’était vraiment le dernier moment pour le faire.»

Un défi pas encore achevé

Si le défi sportif s’est conclu avec succès pour Yves Mégret, il reste encore quelques efforts à fournir pour parvenir au montant fixé. «La barre des 4000 euros est en passe d’être franchie. Je me suis donné encore une ou deux semaines pour y arriver.» En convalescence, le jeune homme espère se rétablir rapidement pour pouvoir refaire des parcours Vita avec son petit frère, tout en songeant peut-être à d’autres défis sportifs à l’avenir.

Pourquoi ne pas s’attaquer à un autre sommet mythique, à une exploration polaire, en solitaire, avec son pote Konrad Domanski ou son épouse Monika, comme lui amoureuse de voyages et d’aventures au grand air? «Je rêve également de faire un jour du trek au Népal», confie l’ingénieur de 27 ans, établi désormais à Zurich, qui va profiter d’une année plus flexible pour passer un MBA (un master) à Singapour, une autre aventure.

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