Dans la peau du champion suisse

Robin Godel avait annoncé la couleur avant la compétition. Il ne venait pas à Avenches pour participer au championnat de Suisse mais pour le gagner. Pas question de laisser échapper un titre qui lui avait échappé de justesse l’an dernier au détriment de Felix Vogg, la faute à cette foutue perche tombée dans l’ultime épreuve de saut. Dimanche, le Broyard a eu l’avantage de passer après son rival, auteur de trois fautes inhabituelles avec Colero. «Ça m’a laissé une certaine marge avant de me lancer», confie Robin à qui il a manqué toutefois quelques secondes pour dépasser le Français Maxime Livio qui remporte ce concours CCI4*-S. «J’ai un peu trop cherché à assurer le sans-faute, mais aucun regret, en allant plus vite, peut-être que l’histoire aurait été différente.»

Le week-end avait commencé sous les meilleurs auspices deux jours plus tôt au dressage, avec une excellente 5e place à la clé. «J’avais rarement vu Grandeur aussi à l’aise dans cette épreuve. Il n’a commis aucune erreur et j’ai pu montrer tout ce que je voulais.» Mais c’est surtout dans la discipline reine du cross-country le lendemain que le tandem s’est montré irrésistible grâce à un parcours plein de maîtrise qui lui permettait de ravir la première place provisoire à Felix Vogg. Avec une fluidité, une aisance et une sécurité qui contrastaient avec la difficulté éprouvée par certains concurrents sur le tracé sélectif dessiné par Peter Hasenböhler. «Nous avions énormément travaillé le galop avec Grandeur. C’est vraiment gratifiant de constater que le travail paie, se réjouit Robin. Il s’est montré d’une rapidité et d’une confiance impressionnantes. Et on se connaît si bien que le cross est toujours disputé avec beaucoup de sûreté.»

Sacré champion suisse chez les juniors puis chez les jeunes cavaliers, le Fribourgeois ajoute donc une nouvelle ligne à son palmarès avec le titre national élite. Quel parcours! Pas de quoi lui faire perdre ses habitudes et son éthique de travail pour autant. Le Broyard était déjà de retour sur le terrain lundi matin à la première heure pour monter avec l’un de ses jeunes chevaux. «On a fêté quand même un peu dimanche soir avec des amis, mais c’est tout», sourit Robin qui a déjà un peu la tête du côté de Tokyo où se disputeront les Olympiades d’été dans un mois. Si la sélection doit être officialisée ce jeudi par Swiss Olympic, il ne fait désormais aucun doute que le champion sera du voyage. Une dernière ligne droite abordée sereinement. «On ne va pas insister sur le saut ou le cross. L’accent sera mis surtout sur le dressage.»

Le cavalier fribourgeois rejoindra la délégation helvétique le 10 juillet à Aix-la-Chapelle en Allemagne avec ses deux chevaux qualifiés pour effectuer une quarantaine de 7 jours. Seuls quatre cavaliers suisses s’envoleront ensuite pour le Japon où trois seront alignés pour disputer la compétition par équipes. C’est dans la peau du champion suisse que Robin s’y rendra. Reste ce choix cornélien. Qui emmener à Tokyo? Grandeur ou Jet Set, deux chevaux au sommet de leur forme? La confiance affichée par le premier à Avenches ne facilite pas sa décision. «Ça va être un choix difficile, admet-il. Mais la forme ne fait pas tout, il faut aussi prendre en compte les éléments extérieurs et les conditions particulières d’un tel événement.»