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Sport

Des rêves, la tête sur les épaules

Sacrée championne de Suisse chez les filles M14 le 19 juillet au Golfpark Zürichsee, Axelle Martin consacre tout son temps libre à sa passion. Ambitieuse mais lucide, la joueuse du club de Payerne rêve de devenir professionnelle.

Axelle Martin a énormément de plaisir à jouer, et ça se voit.Photo alain schafer

Alain  Schafer

Alain Schafer

28 juillet 2022 à 02:00

«Le golf de compétition se joue surtout sur un parcours de 25 cm, l’espace entre vos deux oreilles», a affirmé un jour le célèbre écrivain Mark Twain en évoquant l’importance de l’aspect mental dans cette discipline. Axelle Martin a pu tester le sien le 19 juillet dans le superbe décor du Golfpark Zürichsee, où la jeune Broyarde a décroché le titre de championne suisse chez les filles M14, devançant d’un coup seulement sa dauphine. En avance de trois coups au terme du premier tour, elle avait vu sa rivale revenir sur ses talons dans le second. «Ma balle est passée à l’eau au 18e trou, ce qui m’a forcée à dropper (relever une balle d’un endroit injouable pour la replacer), mais ça a suffi pour garder une marge infime et éviter ainsi les play-off», se réjouit la joueuse de Mannens, rencontrée vendredi au golf de Payerne.

Une maturité surprenante

Petite revanche pour Axelle, qui avait échoué à la 2e place en 2021. «Depuis, je me suis améliorée dans la gestion du stress», confie-t-elle. Le travail effectué avec un coach mental porte visiblement ses fruits. A bientôt 14 ans, l’adolescente fait preuve d’une maturité surprenante pour son âge. Son parcours n’y est certainement pas étranger. Elle aurait pu choisir l’équitation ou la gymnastique, des sports plus populaires et abordables dans la région chez les filles, elle a opté pour le golf, avec toutes les contraintes que cela implique. «Toute petite déjà, je m’amusais avec tout ce qui me tombait sous la main, parfois avec des pives, en tentant d’imiter mes parents qui avaient commencé la discipline.»

Elle intégrait le club de Payerne en 2015, progressant rapidement sous la houlette de son coach Morgan Brossa, finissant par abandonner une autre passion, la danse classique. Ses parents Julien et Isabelle l’ont toujours soutenue dans ses choix. «Avoir un entourage sérieux est indispensable pour progresser, avec des parents prêts à s’investir. Mobiliser un coach personnel, un ostéo ou un préparateur physique pour une fille de cet âge vous donne une idée de l’investissement nécessaire», confie le responsable de la section juniors, Raymond Chautems, admiratif. «Son attitude est exemplaire, toujours disponible pour le club, où elle est un modèle pour les autres jeunes.» Pour les parents, il s’agit d’un gros engagement financier et de temps. «Les compétitions s’enchaînent quasi tous les week-ends, glisse le papa. Il faut également adapter le matériel en permanence. Cet après-midi, par exemple, nous partons à Zurich pour «fitter» (régler) les clubs.»

Un chemin encore long

Ce titre national, le premier dans l’histoire du club payernois, est porteur d’espoirs. «On a déjà discuté avec le président Francis Tinguely sur ce qui pourrait se faire à l’avenir pour aider et mieux accompagner les jeunes affichant la même motivation», annonce Raymond, qui aimerait aider Axelle à réaliser ses rêves: intégrer l’équipe de Suisse, suivre les traces d’Albane Valenzuela et les sœurs Métraux, trois des rares Suissesses à être devenues professionnelles. Et jouer peut-être un jour sur le mythique golf d’Augusta aux Etats-Unis, hôte du Masters. Elle va tout faire pour y arriver, quitte à devoir s’exiler à la fin de sa scolarité obligatoire. En attendant, elle garde la tête sur les épaules, sachant que le chemin est truffé de bunkers. La motivation ne manque pourtant pas pour celle qui s’entraîne jusqu’à 25 heures par semaine. «Durant l’année scolaire, je bénéficie de deux après-midi de congé et je fais mes devoirs pendant les heures d’étude. Une fois rentrée, je pars au golf pour m’entraîner ou au fitness», explique la jeune championne, qui commencera cet automne sa 10e H au CO de Cugy.

Des expériences internationales

Cette semaine, elle se rendait à Liverpool, en Angleterre, pour disputer un tournoi international avec le cadre national U14 de SwissGolf. Sa première expérience à l’étranger en Belgique lui avait permis de constater le niveau élevé d’autres nations, bien supérieur à celui pratiqué en Suisse. «J’y vais avant tout pour apprendre mais pas pour faire de la figuration non plus.» Sa marge de progression est importante. «Je suis plutôt à l’aise techniquement dans le long jeu, mais je dois améliorer le putting (jeu court sur le green dont la finalité est de rentrer la balle) et travailler la finesse dans les petits coups.»

Une ultime compétition avant de s’accorder une semaine de vraies vacances, sans golf. «Ma maman nous a interdit de prendre le sac de golf dans les bagages», rigole Axelle, dont la saison se conclura avec la finale suisse à Vuissens, les 8 et 9 octobre.

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