Logo

Sport

Dignes héritiers d’Henri Gilliand

 Descendantes du même père fondateur, les sociétés broyardes de tir au pistolet de Montagny-Cousset, Domdidier, Estavayer-Lully et Villeneuve fêtent toutes leur 75e  anniversaire cette année. Leurs présidents se sont retrouvés pour évoquer les souvenirs et les prochains défis.

Henri Gilliand est parti en 1990 en laissant un important héritage derrière lui pour les pistoliers de la Broye après y avoir fondé plusieurs sections.Photo dr

Alain  Schafer

Alain Schafer

3 novembre 2022 à 01:00

Les sociétés broyardes de tir au pistolet fêtent toutes leur 75e anniversaire cette année. Une pure coïncidence? Pas du tout puisqu’elles ont en commun le même fondateur: Henri Gilliand, un précurseur originaire de Montagny-la-Ville et décédé en 1990 à l’âge de 96 ans en laissant un héritage important derrière lui. «Quand il a créé une société au pistolet en 1947, il a réparti des sections par zones géographiques à une époque où seul le tir au fusil à 300 m existait. Lui voulait créer quelque chose pour les pistoliers», explique Bertrand Bise, fidèle président de la société de Villeneuve depuis 2011 et très actif pour promouvoir son sport, un peu comme Henri à l’époque. «Mais ma plus grande inspiration, c’est mon papa», souffle-t-il.

Deux présidents en 75 ans

La vie d’Henri Gilliand aura aussi inspiré sa génération. «Il a été premier lieutenant à l’armée, un marchand d’œufs qui parcourait du pays et connaissait ainsi énormément de monde, ça l’a certainement aidé pour lancer son projet», glisse Meinrad Oberson, venu suppléer son président Alexis Pidoud de la société de Montagny-Cousset qui a une caractéristique inouïe: n’avoir connu que deux dirigeants dans toute son histoire. A leurs côtés, Bertrand Bise (Domdidier, à ne pas confondre avec celui de Villeneuve) et Gérard Fontaine (Estavayer-Lully) étaient réunis le 20 octobre autour d’une table ronde à Ménières pour évoquer ce jubilé et quelques souvenirs. «Honnêtement, on avait presque oublié cet anniversaire», rigole le duo.

L’occasion pour les amis de se souvenir que le pistolet n’a pas toujours eu le même statut. «Autrefois, les pistoliers étaient une catégorie à part, souvent associée aux gradés à l’armée, les seuls à pouvoir détenir une arme de poing.» Certaines armes ont laissé un souvenir indélébile. «Dans le temps, on tirait avec le Luger Parabellum, pas à bras franc mais à bras cassé.» Depuis cette époque, les armes se sont diversifiées et la discipline s’est démocratisée, devenant une activité sportive à part entière.

Montagny peut se targuer d’un glorieux palmarès sportif. «Le résultat le plus prestigieux est le titre de champion suisse de groupes décroché en 2015 à 50 m, ainsi que celui gagné en 2017 par les juniors à air comprimé», évoque Meinrad. Les autres ne sont pas en reste. «Outre un titre suisse de section à Thoune, je suis fier des deux titres élites nationaux de Laurine Givel que je coachais. L’importance de la relève à Villeneuve est aussi une grande satisfaction, même si cela exige des heures d’investissement», glisse Bertrand. «On a une petite équipe à Domdidier, les résultats ne sont donc pas mirobolants, mais la société a une section petit calibre, la seule dans la Broye», rappelle son homonyme.

Pour Estavayer et environs, la plus grande fierté est sans aucun doute son stand installé dans un cadre champêtre à Lully. «Le premier était situé au bord du lac, le deuxième vers l’usine d’incinération. Le troisième, à Lully, a vu le jour grâce à la construction de l’autoroute. Aujourd’hui, on y entend plus les vaches que les tirs, un avantage qui entretient les bonnes relations avec le voisinage», sourit Gérard Fontaine.

Faire vivre leurs sociétés est un défi en soi pour ces passionnés. Autrefois nombreux, les concours populaires sont beaucoup plus rares. «Il y avait le tir de Pâques à Montagny, le tir de Pentecôte à Villeneuve (1re édition en 1973), avec jusqu’à 300 tireurs, le tir de Pentecôte à Estavayer ou la Coupe de Noël à Domdidier.» Aujourd’hui, seule Villeneuve a conservé un tir de fête. «Une telle organisation demande de la logistique, il faut trouver à chaque fois du monde et ce sont souvent les mêmes», souligne Bertrand. Le Covid et ses restrictions ont hélas laissé des traces et ont changé les habitudes. «Les gens restent plus volontiers chez eux.» Certains ont fait preuve de créativité pour rester actifs, comme à Estavayer. «Nous avons organisé des tirs en groupe avec des plages horaires adaptées», confie Gérard.

Avec la tendance actuelle, l’existence même de ces sociétés est menacée. «Le plus grand souci est de trouver des gens prêts à s’investir dans les comités. Mon prédécesseur m’avait averti que la société allait finir par mourir, il n’était pas très optimiste», grimace Bertrand Bise. Ce n’est pas son homonyme diderain qui dira le contraire, lui qui a repris la présidence de la société pour éviter sa disparition. Pas de quoi ruiner leur optimisme. «Sans les gens qui ont œuvré avant nous, on ne serait simplement pas là», affirme en chœur le quatuor.

Pour les 75 ans, certains ont décidé de marquer le coup. Villeneuve organise deux soirées tripes les 4 et 11 novembre, Estavayer une fondue le 25 novembre, en invitant ceux qui ont écrit l’histoire du club.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus