Logo

Sport

Du sang-froid et des nerfs d’acier

Sur un nuage durant toute la compétition, Robin Godel a réalisé le triplé dimanche à Avenches en remportant le classement individuel et par équipes avec la Suisse en selle de Grandeur de Lully, conservant de surcroît son titre de champion national élite. Quelle classe!

Dans son jardin à Avenches, Robin Godel a pu partager son triomphe avec le public et ses proches, dont Jean-Jacques Fünfschilling (visible en arrière-plan), propriétaire de Grandeur de Lully, évidemment aux anges.Photo alain schafer

Alain  Schafer

Alain Schafer

14 juillet 2022 à 02:00

En s’élançant en dernière position dimanche dans l’épreuve de saut d’obstacles, Robin Godel connaissait la donne. Il n’avait pas le droit à l’erreur s’il voulait garder la tête du classement individuel après le passage immaculé du Français Maxime Livio. Le cavalier broyard a montré des nerfs d’acier devant un public totalement acquis à sa cause, réalisant un sans-faute avec Grandeur de Lully. «C’est pour ressentir ce genre de pression qu’on fait de la compétition, elle permet de se surpasser.» Une remarquable force de caractère, moins d’un an après avoir connu une petite désillusion sur ce même paddock. Une perche avait alors privé la Suisse d’un prestigieux podium au championnat d’Europe. Robin a dû y repenser en franchissant le dernier obstacle. «Cela m’était resté un peu en travers de la gorge, avoue-t-il. C’était une petite revanche pour moi.»

L’hymne a retenti trois fois

Le triomphe a été total pour le phénomène de Dompierre qui offrait également la victoire à la Suisse dans cette étape de la Coupe des nations, aux côtés de Mélody Johner, Patrick Rüegg et Nadja Minder, tout en conservant son titre national décroché en 2021. Le dénouement parfait d’un week-end intensif où il aura monté pas moins de quatre chevaux. Il lui restait tout de même une ultime épreuve, se hisser à trois reprises sur la plus haute marche du podium. «J’avais encore suffisamment d’énergie pour ça», rassure-t-il en riant.

Les spectateurs lui ont réservé une ovation pendant la cérémonie protocolaire devant les tribunes de l’IENA où l’hymne national suisse a résonné trois fois. L’enfant du pays pouvait partager son bonheur avec ses fans, ses proches et Jean-Jacques Fünfschilling, le propriétaire de Grandeur, aux anges. «Un sentiment génial. Gagner à la maison, ça n’arrive pas tous les jours, il fallait bien le savourer.»

Une interruption bien gérée

Avant cette consécration, Robin Godel avait réalisé une bonne entame vendredi au dressage avec un 4e rang. Le lendemain, le cross lui avait permis de prendre les commandes, malgré une interruption provoquée par la chute d’une concurrente qui l’obligeait à stopper son parcours à l’approche du saut numéro 10. Une pause forcée admirablement gérée. «Le début n’avait pas été simple, Grandeur était beaucoup sur l’œil (craintif). Cet arrêt lui a été finalement bénéfique et lui a permis de reprendre son souffle. La situation aurait été différente avec un cheval chaud. Lui est resté parfaitement calme.»

Le jeune homme a déjà montré sa capacité à se projeter rapidement sur le prochain objectif, que ce soit après une déception ou une satisfaction. Mardi, il était déjà de retour en concours avec ses jeunes chevaux. En remportant les trois concours 4* auxquels ils ont participé cette saison, Robin et Grandeur affichent une forme étincelante à deux mois des mondiaux de Pratoni en Italie. Le champion tentera la passe de quatre au Haras du Pin en France à la mi-août, un concours qui fera office de sélection pour les cavaliers et les chevaux. Un objectif important pour le Fribourgeois qui a mis toutes les chances de son côté en s’attachant notamment les services d’un manager sportif, Gérard Scheidegger, figure connue dans le milieu du hockey, passé par Bienne, Davos, Langnau et Lausanne. Ce dernier l’accompagne dans le domaine du marketing et du sponsoring. Essentiel dans un sport où le temps est précieux. «Son arrivée m’a permis de mieux me concentrer sur mon sport tout en continuant à soigner les personnes qui me soutiennent», explique Robin.

En forme, la Suisse l’est aussi. Encadrée par le chef d’équipe Dominik Burger, le coach du cross Andrew Nicholson, l’entraîneur de dressage Gilles Ngovan et l’entraîneure de saut Lesley McNaught, l’équipe semble être entrée dans une nouvelle dimension cette année. «L’expérience et la qualité de ces coachs nous donnent effectivement de la confiance, mais il ne faut pas oublier le gros travail effectué par les cavaliers. Cette réussite, c’est un tout.»

Bientôt l’embarras du choix

La brillante seconde place décrochée dans le concours CCI3*-L avec Damaso est venue couronner le week-end. «Un cheval modeste par la taille, mais qui a tout d’un futur grand. Pour sa première compétition à ce niveau, il a été incroyable, calme au dressage, volontaire au cross avec sa posture très en avant, une monture d’exception.» Avec l’éclosion de Global DHI et la progression annoncée de Big Diamond ou Dealer de la Bride, Robin Godel se trouvera bientôt confronté à un problème de riche. «Beaucoup de chance d’avoir des chevaux d’un tel niveau et des propriétaires qui me font entièrement confiance. Certains sont encore en formation. Global a déjà le niveau 4 étoiles. Si tout se passe bien, j’aurai l’embarras du choix la saison prochaine en vue de Paris 2024, c’est exactement ce que je voulais.»

Le public broyard et suisse aura à nouveau l’occasion de vibrer l’an prochain et de vivre des émotions. Jean-Pierre Kratzer l’a annoncé, la Coupe des nations reviendra à Avenches en 2023, le 20 juillet.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus