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Sport

Entraînement rime avec plaisir pour Mancini

Plus explosif et rapide que jamais à 33 ans, le sprinteur broyard a fait des européens indoor début mars à Istanbul son objectif principal cette saison. Rencontre en salle de force.

Ne vous méprenez pas, courir sur le tapis avec les bras étendus ne simule pas une victoire sur la ligne d’arrivée, mais sert à travailler la stabilité abdominale.

Alain  Schafer

Alain Schafer

26 janvier 2023 à 01:00

«No pain, no gain», ce slogan cher aux ravagés des salles de sport n’a plus la cote chez Pascal Mancini. «Avant 2013, je m’infligeais des entraînements très durs, où la souffrance prenait le dessus sur le plaisir, avec le sentiment de ne jamais en faire assez, alors que mes chronos, eux, stagnaient. Aujourd’hui, je m’entraîne moins mais mieux, en évitant de surcharger de façon excessive le système nerveux et en privilégiant le plaisir», confirme le sprinteur broyard, rencontré la semaine dernière dans un centre de physiothérapie et d’entraînement à Hauterive (NE) lors d’une séance effectuée en compagnie de Bradley Lestrade, grand espoir neuchâtelois de 21 ans qu’il coache depuis quatre ans. «Ma copine habitant Colombier, je suis souvent dans la région», justifie le Fribourgeois.

Optimiser les sorties de bloc

Au menu du jour, grosse séance de stretching, des exercices d’explosivité, de mobilité, à grand renfort de sangles, bandes de résistance, tapis de course, squats, abdos, haltères et sauts avec ou sans charges. «Une session destinée à optimiser les sorties de bloc, à être plus léger et dynamique en transformant une position statique en mouvement explosif, quitte à ralentir les mouvements pour affiner la technique. La vitesse pure se travaille surtout en compétition», explique l’autodidacte, qui a aussi appris à mieux gérer ses émotions grâce à la médecine alternative. «Je fais de la réflexologie et de l’acupuncture notamment pour travailler le relâchement du corps et de l’esprit.»

Le plaisir de s’entraîner est une raison de sa longévité, lui qui n’a jamais arrêté de courir depuis ses débuts en 2002. A 33 ans, Pascal Mancini n’a jamais semblé aussi rapide et explosif. En témoigne sa précédente saison, la meilleure de sa carrière avec un record personnel sur 100 m (10’’20), un titre national et une qualification pour les européens de Munich. «Courir toujours devant (seules 3 courses lui ont échappé), ça booste la confiance.»

Il avait pourtant failli tout arrêter en début de saison, ne s’entraînant presque pas jusqu’en avril. «Le camp passé avec mes athlètes m’avait redonné un nouveau souffle et de l’énergie, me faisant prendre conscience de la chance que j’avais de courir. Même si je ne m’attendais pas à ce que mes chronos décollent autant.»

La 12e perf mondiale de l’histoire

Le sociétaire de la FSG Estavayer est parti sur des bases encore plus prometteuses en 2023. Samedi à Aigle aux championnats romands, il a pulvérisé son record suisse du 50 m en 5’’63, troisième meilleure performance européenne de tous les temps sur la distance, la 12e au niveau mondial. La confirmation une semaine après avoir affolé le chrono au même endroit en 6’’78. «J’ai fait deux belles courses, techniquement propres, mais en ayant fait l’impasse sur ma douche froide d’avant-course et sans lentilles de contact», précise Pascal en descendant du tapis de course.

Une forme qu’il juge pourtant loin d’être optimale. «Ma préparation ne fait que démarrer, il reste plein de détails à corriger», estime le Broyard qui a fait des championnats d’Europe indoor à Istanbul (2-5 mars) l’objectif principal de sa saison. Peut-être sa dernière occasion de décrocher cette médaille continentale dont il rêve depuis longtemps?

Cette compétition sur 60 m lui a souvent réussi. «Ça ferait bizarre d’y aller 14 ans après ma première participation à Turin où j’avais atteint les demi-finales. En 2011, j’avais couru en 6’’61, le meilleur temps des séries avant de mal gérer ma demie. Mon meilleur souvenir reste Prague en 2015. A la clé, un chrono de 6’’60 (record personnel) en demie et une 5e place finale, à deux centièmes du podium, malgré une course moche», évoque-t-il. Lors de sa dernière participation en 2017, il avait confirmé avec une nouvelle finale (7e). Une médaille est-elle utopique? «Ça passera forcément par un record personnel et dépendra de la concurrence», glisse le fringant trentenaire qui pourrait se frotter à un poids lourd comme le champion olympique du 100 m, Marcell Jacobs. «Trois courses en un jour, c’est dur physiquement et mentalement, il faut être parfaitement préparé.»

Rendre fier son petit garçon

Avant de spéculer, reste à valider le ticket. Fixée à 6’’63, la limite qualificative paraît largement dans ses cordes, vu la forme du bonhomme. «Je suis confiant, d’autant plus que mon ranking actuel pourrait aussi me suffire, je ne ressens aucune pression», glisse Pascal dont la réintégration au cadre national après plusieurs saisons de démêlés avec la fédération est un signe positif. «La page est tournée. Aujourd’hui, je m’efforce d’être un modèle, avec une attitude irréprochable.»

La paternité – il est papa d’un petit garçon de 4 ans, Miles – est une autre source de motivation. «Il donne du sens à tout ce que je fais. C’est aussi pour lui que je continue à courir. J’aimerais qu’il soit fier de moi.» S’il garde sa verve actuelle, le champion devrait gâter son fiston cette année. «Je tiens la forme de ma vie, ma motivation est au top, comme mon instinct de compétition, avec des connaissances et de l’expérience en plus!»

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