Logo

Sport

Entré dans une nouvelle dimension

Une semaine après avoir décroché brillamment la couronne fédérale à Pratteln, Romain Collaud a été accueilli en héros dimanche dernier à Estavayer. De son homonyme politicien à Manu Crausaz, vice-roi en 1995, les personnalités se sont succédé pour saluer son exploit.

Le héros du jour Romain Collaud en tête du cortège à Estavayer-le-Lac sur le chemin vers la Prillaz. PHOTOS ALAIN SCHAFER

Alain  Schafer

Alain Schafer

8 septembre 2022 à 02:00

Romain Collaud ne s’était probablement jamais levé autant pour serrer des pinces et faire des photos à côté du toupin monumental (une cloche en acier forgé) ramené de Pratteln. Tout le monde voulait être immortalisé avec le nouveau couronné fédéral. «J’ai mal à la mâchoire à force de sourire», rigole le Broyard qui s’est prêté au jeu de bonne grâce. «Il faut savourer ces moments qui sont brefs. Ce jour restera gravé dans ma mémoire avec celui vécu après mon titre de roi des jeunes à Landquart en 2018», a-t-il confié dans une salle de la Prillaz pleine à craquer. Le Ranz des vaches, interprété magistralement par Fabien Crausaz, y a résonné tout particulièrement.

La couronne, sans la grosse tête

Le sentiment que le lutteur de Vallon est passé dans une nouvelle dimension. Mais pas question pour lui d’attraper la grosse tête. «A part une étoile supplémentaire à côté de mon nom lors des fêtes, ça ne va pas changer ma personnalité, je suis toujours le même», assure le Broyard de 20 ans, quand même conscient que son statut a changé. «Je monte d’un étage. Mes adversaires vont sûrement tirer un peu moins. Il faudra travailler de nouvelles prises», glisse Romain, touché aussi par la présence d’Adrian Käser, roi à Stans en 1989 et représentant le club de Kirchberg où il s’entraîne une fois par semaine.

Manu Crausaz était sans doute l’un des plus ravis, lui qui restait le dernier lutteur du club d’Estavayer couronné fédéral, en 1995 à Coire. «Fier d’avoir enfin un successeur, 27 ans après. Attendre plus d’une génération c’est long. Romain est désormais un leader pour les Romands. Il devra endosser ce rôle, mais on peut lui faire confiance, il est déjà conscient de cela.»

Une confiance partagée par Frédéric Berset, chef technique fribourgeois. «Il avait déjà une envergure de couronné fédéral avant, avec souvent de redoutables adversaires. Il devra plus s’affirmer en revanche à l’extérieur.»

Maître de cérémonie et président du club staviacois de 2010 à 2019, Gilles Guisolan s’était démené avec son équipe pour organiser la réception dans un temps record. «Un lutteur ne baisse jamais les bras!» Avec des lanceurs de drapeaux, des tambours et le Chœur du Gros-de-Vaud, la fête a été belle. «Il a fallu que je parte pour que l’un de nos membres gagne enfin une couronne fédérale», sourit l’entrepreneur, pas rancunier. Cet honneur est revenu à son successeur Olivier Lesquereux. Son mandat était pourtant mal parti avec la crise du Covid. «Cette performance offre de nouvelles perspectives au club. C’est également une motivation supplémentaire pour tous les membres de s’entraîner au côté d’un couronné fédéral, notamment chez les garçons lutteurs pour qui Romain était déjà une locomotive.»

Une fierté pour le club et pour sa famille. Ses parents, Fred et Stéphanie, étaient aux anges. «Depuis sa victoire en 8e passe, on vit au cœur d’un tourbillon d’émotions. Tellement fière de l’avoir vu surmonter les moments de doute qu’il partage toujours avec nous. On se réjouit de la suite, en sachant qu’il y aura des hauts et des bas», confie sa maman. Bastien, son frère cadet et premier supporter, est admiratif. «C’est une inspiration qui me donne envie de consacrer plus de temps à m’entraîner. Et pouvoir peut-être partager l’expérience d’une fédérale avec lui dans 3 ans à Glaris», glisse le garçon qui conjugue lutte suisse et football, pour le moment. «Concilier les deux devient compliqué, il faudra peut-être bientôt choisir.»

Le Romain Collaud N°1?

Son coéquipier et compagnon d’exploit, Simon Grossenbacher, était fier de partager sa gloire. «Ça fait 11 ans qu’on lutte ensemble. J’espère pouvoir l’imiter dans 3 ans et fêter à mon tour avec lui une nouvelle couronne fédérale», souffle le lutteur de Prévondavaux.

Grâce à cet exploit, Romain Collaud espère susciter des vocations dans la région. Il a déjà transmis le virus de la lutte à beaucoup de gens, comme l’a assuré Isabelle Guerry, syndique de Vallon. Et mis dans sa poche son homonyme politicien, Romain Collaud, conseiller d’Etat qui avait récupéré sa voix une semaine après l’avoir perdue à force d’encouragements. «Les fraises de Vallon ont décidément des vertus qu’on ne connaissait pas. Je vais devoir me contenter d’être le Romain Collaud N°2 du canton, statut que j’accepte avec plaisir et qui a un avantage: mon nom est désormais connu loin à la ronde!»

Galerie photos sur

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus