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Sport

Le plus puissant des médicaments

Le 25 septembre, Dominique Schneiter a bouclé le marathon de Berlin en 3 h 02, une renaissance pour l’habitant de Grandsivaz qui avait abandonné la course à pied des années avant d’y reprendre goût, faisant fi des blessures du corps et de la vie. Prochain objectif: Londres en 2023.

Dominique Schneiter à l’arrivée du marathon de Berlin, l’emblématique porte de Brandebourg en arrière-plan.Photo dr

Alain  Schafer

Alain Schafer

6 octobre 2022 à 02:00

Le record du monde du marathon pulvérisé par Eliud Kipchoge en 2 h 01’ 09” a marqué les esprits le 25 septembre dernier à Berlin. Sur les traces du phénomène kényan, les 47 000 coureurs au départ avaient tous un parcours, une histoire particulière avec la course à pied. Certaines plus insolites, comme celle de Dominique Schneiter, classé 3e de l’épreuve en 1993 chez les juniors avant de connaître une sérieuse baisse de motivation, puis une longue période de sédentarité. Un choc émotionnel a tout bouleversé. «J’avais tout lâché, mais une rupture sentimentale m’a redonné l’envie de courir et de m’entraîner. Ce marathon est une victoire sur moi-même, un combat gagné pour mes deux enfants et ma nouvelle compagne», confie le quadragénaire.

Une participation compromise

Un remède apparemment bien plus efficace que des antidépresseurs. «La course est devenue mon plus puissant médicament pour le moral.» Une renaissance pour le Broyard qui a bouclé les 42,195 km en 3 h 02 à Berlin. «J’étais parti sur des bases plus rapides, mais j’ai eu des soucis avec mes quadriceps et j’ai terminé l’épreuve comme j’ai pu», explique Dominique dont la participation a été pourtant compromise en juillet par une déchirure derrière la cuisse. «Mon physio m’avait recommandé une pause de trois semaines au moins, m’autorisant juste le vélo et la natation.» Qu’à cela ne tienne, il parcourait plus de 1000 km et 11 000 m de dénivelé à VTT durant ses vacances, histoire de continuer à faire tourner la pompe. «Même si les muscles sollicités et les efforts ne sont pas les mêmes.»

Sa préparation n’aura pas été de tout repos, marquée par une bonne dizaine de tendinites aux genoux et aux tendons d’Achille. «Je me suis peut-être un peu surestimé au début, une transition trop violente pour mon organisme, l’erreur d’un débutant confirmé», rigole l’habitant de Grandsivaz qui a accumulé les séances VMA (Vitesse maximale aérobie) et les kilomètres. «Plus de 4000 effectués sur les routes de Grandsivaz, Cousset, Middes ou dans les forêts de Romont, par tous les temps, de –7 à +36 degrés, sous le soleil, la pluie, l’orage ou la neige, soit 323 heures, plus de 205 000 calories brûlées et 20 kilos perdus», énumère-t-il.

Un régime visiblement efficace

De quoi endurcir un organisme et un mental déjà bien affûtés par sa passion pour le tir au pistolet. «Le marathon, c’est un tiers les jambes, deux tiers dans la tête», souligne l’athlète qui a suivi un régime dissocié scandinave, adopté par certains sportifs pratiquant un sport d’endurance, juste avant sa course. «J’ai consommé des légumes et de la flotte durant trois jours, soit 450 calories en 60 heures. Cela crée un état de manque dans l’organisme, puis j’ai augmenté les apports en glucides les trois jours suivants pour produire un effet de compensation.» Une diète apparemment efficace puisqu’elle lui a permis de passer sans souci le tant redouté mur du marathon qui survient généralement entre les 30e et 35e kilomètres, provoquant une panne de carburant musculaire, celle qui vous coupe les jambes.

Restait une dernière péripétie avant la course. «J’ai perdu la puce de chronométrage à l’aéroport de Tempelhof deux jours avant, que je n’ai retrouvée que miraculeusement.» Cette même puce a permis à ses proches de le suivre en direct. Il passait l’arrivée en serrant les dents. A ses pieds, les chaussures dédicacées par ses proches et ses coéquipiers du Club Athlétique Romont, avec ce conseil subtil écrit par un collègue d’entraînement en lien avec un épisode précédent: «Suis bien le balisage». Impossible toutefois de se perdre au cœur d’un peloton gigantesque. «J’ai dû marcher plus de quatre minutes avant d’atteindre la ligne de départ et d’enclencher le chrono. Le leader Kipchoge était déjà 1500 m devant», rigole le Fribourgeois.

Ce marathonien dans l’âme n’a pas grandi dans une famille sportive. «J’ai toujours aimé les longues distances. A 17 ans, j’avais falsifié mon âge pour disputer mon premier marathon à Lausanne (l’âge requis étant de 18 ans). Il faisait 29 degrés, grand soleil et j’avais eu la bonne idée de mettre un t-shirt noir. J’avais fini totalement déshydraté et perdu 5 kilos en course. Mon rêve était de gagner un marathon.» Un rêve concrétisé à Paris chez les espoirs. Voulant prouver que ce n’était pas un coup de bol, il avait récidivé l’année suivante. Les aléas de la vie ont fini par le freiner. «Jeune, j’avais beaucoup plus de temps pour m’entraîner et faire des courses, jusqu’à 50 ou 60 par année.» Aujourd’hui, il a retrouvé la flamme, un joli clin d’œil pour ce capitaine du Corps des sapeurs-pompiers de Noréaz, Prez et Corserey (NPC). «Il m’arrive d’aller courir à 4 h du matin comme à 22 h, rien ne peut vraiment m’arrêter quand j’ai décidé d’y aller. La course à pied est un sport où on fait ce qu’on veut, quand on veut.»

Quatre «majeurs» dans le viseur

Dominique s’est donné quatre ans pour compléter sa quête des 6 marathons «majeurs» du monde. Après New York et Berlin, le prochain en ligne de mire est Londres en 2023. Il lui restera alors Boston, Chicago et Tokyo. «En espérant relever ce défi personnel en moins de 18 heures», glisse le Broyard qui aimerait mieux s’entourer à l’avenir. «J’ai besoin d’un coach afin de structurer mes entraînements et modérer mes ardeurs quand il faudrait lever le pied, ce que j’ai de la peine encore à faire, cela m’éviterait certainement des blessures.»

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