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Passé de l’anonymat à la notoriété

Gardien d’origine payernoise, Loïc Perrin est passé de l’ombre à la lumière le 24 janvier en faisant sa première apparition en National League dans la cage de Fribourg-Gottéron. Une expérience inoubliable, désormais digérée, que le junior élite de 18 ans espère renouveler. Portrait.

Loïc Perrin tenant avec fierté le maillot dédicacé de Patrick Roy, gardien légendaire de NHL, offert par sa famille d’accueil en 2017 lors du tournoi international Pee-Wee de Québec. A droite, il est félicité par David Desharnais après son premier match avec la première équipe de Fribourg-Gottéron, à Langnau.Photos alain schafer et fribourg-gottéron/til bürgy

Alain  Schafer

Alain Schafer

16 février 2023 à 01:00

Peu nombreux sont les supporters de Fribourg-Gottéron qui connaissaient son nom avant ce fameux 24 janvier, lorsqu’il faisait son apparition sur la glace pour remplacer le malheureux Connor Hughes dans la cage des Dragons, humiliés 4 à 0 après 8 minutes par Langnau à l’Ilfis. Loïc Perrin, car c’est de lui qu’il s’agit, faisait le job, s’inclinant devant Pesonen avant de garder ses filets inviolés jusqu’à la sirène finale. «Je n’avais jamais été aussi concentré de ma vie en entrant», avoue le gardien de 18 ans rencontré chez lui à Neyruz. «En apprenant la veille que je partais avec l’équipe, je n’ai pas eu le temps de stresser. Si on m’avait informé une semaine avant, j’aurais peut-être tergiversé.» L’expérience l’a marqué. «Voir les fans dans les tribunes m’a impressionné», confirme le junior élite, plutôt habitué à évoluer devant une maigre assistance.

Une tonne de messages

Si le match a été vite oublié par les joueurs et les fans, Loïc en gardera donc un souvenir indélébile après une prestation très solide. «J’étais super content, surtout intérieurement, en évitant de sauter de joie car il y avait une défaite au bout.» Andreï Bykov lui avait même remis son prix de meilleur joueur, un joli geste. «Avec Julien Sprunger, il a été de ceux qui m’ont aidé à bien entrer dans mon match», souligne-t-il reconnaissant. Redescendre du nuage a pris du temps. «Les messages de félicitations ont afflué sur mon téléphone portable le lendemain, ça n’a pas arrêté de la journée, des amis, des connaissances et même des personnes que je ne connaissais pas. J’ai pris le temps de répondre à tout le monde», sourit le héros de la soirée qui a dû répondre aussi aux sollicitations des médias après la rencontre. Situation peu familière. Les émotions étaient loin d’être finies, lui qui enchaînait trois matches consécutifs sur le banc fribourgeois en l’absence pour blessure de Reto Berra et Loïc Galley, face à Davos, Berne et Lugano. «Contre Berne, le mur de supporters est vraiment intimidant depuis en bas, les avions en papier volaient à l’échauffement et offraient une ambiance sympa.»

Le retour sur terre avec l’équipe U20 n’a pas été évident. «Les gens m’ont vu avec un regard différent, ils attendent désormais que je performe à tous les matches, je dois faire avec.» Avec une formation à 80%, les cours, les entraînements quotidiens et le championnat, pas le temps d’avoir le blues, il ne voit pas les semaines passer. «Le réveil est particulièrement dur mardi, il faut être à 6 h 30 à la patinoire.»

L’apprentissage continue pour le garçon qui a concilié football et hockey plusieurs années avant de choisir. «Tout le monde faisait du foot. Je me suis dit que j’avais plus de chances de percer dans le hockey», affirme Loïc qui a fait ses gammes dans le quartier en jouant à l’inline hockey. «On jouait des heures et des matches étaient organisés à l’école opposant le bas au haut du village», évoque-t-il en souriant. Les débuts ont été épiques à Romont. «Lors de mon premier match à Berne, je sautais et plongeais partout comme un gardien de foot, la cage était souvent vide.» Le néophyte a vite appris les fondamentaux d’un poste qui l’a toujours fasciné. «J’ai évolué deux ans comme joueur, mes parents tenaient à ce que je sache bien patiner. A la télé, je voyais les arbitres féliciter le gardien après un arrêt. Moi aussi, je voulais qu’on me tape dans la mitaine.» Avec son mètre 86, le portier a de l’allonge et sait manier habilement la canne, avec plusieurs assists à son actif. «L’une de mes qualités, j’aime participer au jeu et faire des passes, ce qui me fait prendre parfois des risques inconsidérés. Je dois encore travailler mes déplacements et éviter de prendre des buts entre les jambes.»

Savoir saisir sa chance

La parenthèse enchantée vécue en National League a été la bienvenue dans une saison difficile pour son équipe qui se traîne en queue de classement. Même si les arrivées d’Andy Foliot et de Kari Martikainen à la barre ont redonné des couleurs aux jeunes Dragons déjà condamnés aux play-out. «Il y a du mieux au niveau du rythme et un-deux succès nous ont redonné du plaisir. On espère éviter la dernière place désormais», souffle Loïc qui défiait Lausanne mardi soir, un duel visiblement moins chaud que le précédent, marqué par 8 pénalités de match, 4 de chaque côté.

Le gardien a su saisir sa chance et gagner la confiance de ses entraîneurs après une pige à Guin la saison dernière, faisant taire les sceptiques qui doutaient de ses capacités. Son aventure à Fribourg devrait se prolonger la saison prochaine, sa dernière en juniors. «L’environnement me plaît ici, avec le club, le travail, la maison à proximité. Après, on verra.»

En sport, il le sait, l’avenir n’est jamais tout tracé. «Faire carrière me plairait, mais je suis conscient qu’il est très dur d’y arriver.» D’où l’importance d’avoir une formation à côté, ses parents ayant exigé qu’il ait son CFC, histoire de le motiver avant de continuer peut-être à rêver. «En jouant avec la première équipe, j’ai déjà réalisé l’un de mes rêves», assure Loïc Perrin qui a conservé des liens avec ses origines payernoises. «Mes grands-parents habitent toujours là-bas», rappelle-t-il en esquissant un clin d’œil.

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