Pour que chaque minute compte

Poser pour un selfie ou signer des autographes à la demande empressée de jeunes fans après la finale, une scène à laquelle Flora Stoianov devra certainement s’habituer à l’avenir. La joueuse payernoise a conquis la Coupe de la Ligue dimanche dernier à la salle du Pierrier à Montreux avec Elfic Fribourg, la troisième SBL Cup consécutive et le 23e trophée sur le plan national pour des Fribourgeoises décidément insatiables, dont la dernière défaite en finale remontait à janvier 2020 face à Winterthour, dans cette même compétition. «Tous les titres se savourent, on ne s’en lasse jamais vraiment. Personnellement, à chaque nouvelle finale je joue un petit peu plus, c’est donc très positif», se réjouit Flora qui a apporté sa contribution à ce nouveau titre. Le plus souvent cantonnée à un rôle mineur et défensif dans cet effectif bourré de joueuses expérimentées, l’espoir broyard a eu droit à 9 minutes de jeu.

Son entraîneur Romain Gaspoz la faisait entrer dans le vif du sujet lors du premier quart-temps, alors que Nyonnaises et Fribourgeoises étaient encore au coude-à-coude. De quoi la rendre légèrement nerveuse. «Je ne m’attendais pas à entrer aussi rapidement sur le terrain, ça a été difficile de se mettre dans le bain», reconnaît la pivot qui a eu besoin de quelques foulées pour trouver son rythme.

Comme ses coéquipières. Accroché par Nyon dans le premier quart (19-20), Elfic a fini par passer l’épaule (41-30 à la pause) avant de prendre le large en deuxième période sous l’impulsion de sa capitaine Marielle Giroud, stratosphérique avec 24 points et 18 rebonds, s’imposant au final logiquement 89-69. Des dernières minutes que Flora a pu savourer sur le parquet avant de laisser éclater sa joie et de soulever la coupe sur le podium aux côtés de ses collègues. «Je me suis sentie beaucoup plus en confiance dès ma deuxième apparition», explique-t-elle.

Un temps de jeu précieux, surtout dans une finale où chaque minute est utile pour apprendre et progresser. «J’ai essayé d’apporter là où je pouvais à l’équipe avec mes qualités de défenseuse», glisse la joueuse qui a même eu des opportunités pour inscrire un panier. «De simples lay-up que je mets normalement facilement à l’entraînement, mais j’ai parfois tendance à stresser et à me disperser en situation de match, ce n’est qu’une question de concentration», grimace-t-elle en souriant.

L’apprentissage du haut niveau se poursuit pour la jeune femme de 20 ans qui possède une grosse marge de progression. Elle ne se voit pas ailleurs qu’à Fribourg pour continuer son éclosion, même si évoluer dans un club moins dominant en Suisse pourrait lui offrir un temps de jeu supplémentaire, à défaut de titres. «C’est parfois dur de s’entraîner autant pour ne jouer finalement que quelques minutes pendant les matches, mais je suis très bien installée à Fribourg, que ce soit au sein de l’équipe ou dans mes études à l’université. Partir pour gagner quelques minutes de jeu mais avec des déplacements supplémentaires à faire est un investissement que je ne me sens pas forcément prête à assumer», avoue la joueuse d’un mètre 91, qui doit encore prendre du muscle pour pouvoir rivaliser physiquement avec les Américaines sous les panneaux. «Le travail en salle de force n’est pas mon passe-temps favori mais il faut passer par là.»

Chaque chose en son temps. Une fois les festivités terminées dans le vestiaire, Flora Stoianov est restée pour assister à la finale masculine au terme de laquelle Massagno décrochait le titre, le premier de son histoire, face à Vevey Riviera, privé de Thabo Sefolosha en deuxième période, blessé. Le retour de l’ancien joueur de NBA dans son club formateur a fait le buzz ce week-end. «C’est positif pour l’intérêt du championnat et l’engouement auprès des jeunes», souligne Flora, qui peut se concentrer à nouveau sur le championnat et la Coupe, avec un nouveau triplé dans le viseur pour son équipe, actuellement sans rivales en Suisse. Avec cet objectif personnel: continuer à grappiller des minutes de jeu.