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Rejouer pour remonter le temps

Le SHC Montagny Hurricanes a monté une équipe de vétérans dans le championnat broyard, sous l’impulsion de son noyau fondateur. Une cure de jouvence en attendant la Terre promise puisque le club aura bientôt son terrain après avoir évolué plus de 20 ans sans domicile fixe.

Une bonne raison de fêter pour les Hurricanes, avec le quarantième anniversaire de leur portier Ludovic Murith (au centre). Ci-dessous, l’équipe promue en 1re division après un succès en finale face à Léchelles, le 12 mars 2004.Photo alain schafer

Alain  Schafer

Alain Schafer

19 janvier 2023 à 01:00

«Cacher son âge, c’est supprimer ses souvenirs», a affirmé un jour une célébrité. Leur âge, les joueurs du SHC Montagny Hurricanes IIb l’assument complètement. «Avoir remis le maillot et les patins nous donne l’impression d’être remontés dans le temps, soit 20 ans en arrière», sourit Emilien Joye, dit Milou, l’un des trois fondateurs, qui porte fièrement le maillot créé spécialement pour ce jubilé. A côté de lui, Blaise Longchamp et Frédéric Studer, les deux compères avec qui il avait fondé le club au sous-sol d’un bistrot à Montagny-la-Ville en 2002 au cours d’une soirée plus ou moins arrosée, comme démarrent souvent les plus belles histoires.

Des machines à dérouiller

La création d’une quatrième division dans le championnat d’hiver par la fédération broyarde (FSHBR) a été l’élément déclencheur. «Créer une équipe de vétérans me trottait dans la tête depuis un moment, assure Blaise, le seul du trio à n’avoir jamais arrêté de jouer. Ce projet n’avait pas pu se faire lorsque j’évoluais encore à Domdidier.» Revenu à Montagny en 2017, le Broyard a pu mettre ses plans à exécution. Encore fallait-il parvenir à motiver ses anciens coéquipiers, une bonne partie d’entre eux n’ayant plus rechaussé les patins depuis belle lurette. «Depuis 15 et 13 ans», précisent Frédéric et Emilien. Il a fallu dérouiller les machines, et les lendemains de match rappellent à ces routiniers que l’horloge biologique tourne également chez eux. «J’ai mis deux semaines pour me remettre de mon premier match», grimace Fred. «J’ai continué à faire régulièrement du sport, donc pas trop de bobos, surtout beaucoup de plaisir», souligne Emilien.

Jouer un peu plus avec la tête

Les revenants font mieux que se défendre. La semaine dernière, ils solidifiaient leur 3e place au classement en étrillant Domdidier (8-1). Un match spécial pour une bonne moitié des joueurs qui ont évolué longtemps sous les couleurs dideraines. A double titre pour le portier Ludovic Murith qui fêtait son 40e anniversaire ce soir-là, devant un public en transe. Ce chiffre correspond à peu près à la moyenne d’âge du groupe. «On n’avait pas d’ambitions particulières, mais se débrouiller aussi bien est une surprise. En face évoluent souvent des joueurs de 10 à 15 ans nos cadets», avoue Blaise. «Lors d’un match, j’ai affronté deux de mes apprentis, ça m’a fait bizarre», se marre Milou. Avoir un âge vénérable n’a pas que des inconvénients. «Nous jouons davantage avec la tête, ça peut faire la différence», estime Fred.

De quoi se montrer ambitieux avant les play-off. «Une place en demies, c’est l’objectif minimum, mais disputer les finales du championnat serait une belle histoire», glissent les vétérans, presque deux décennies après une mémorable promotion en 1re division au détriment du voisin Léchelles. Exploit suivi par une finale de D1 la saison suivante, perdue contre Payerne à Forel, avec une équipe emmenée par des joueurs de la trempe de Laurent Rigolet ou Didier Minacci notamment. «Il y avait beaucoup de gens pour nous suivre à chaque match, jusqu’à 250, avec la chance d’avoir des membres actifs pour faire vivre le club.» A l’instar d’un Michaël Schneider, toujours au comité après 16 ans d’activité ou Mathieu Studer, qui l’a présidé 15 ans. «Avec Blaise, mon frangin Fred et moi, drôle de penser que les trois premiers présidents du club jouent maintenant dans la même équipe et que le noyau des débuts est reformé», sourit ce dernier, un brin nostalgique en se remémorant les péripéties d’un club sans domicile fixe depuis plus de 20 ans.

Bientôt la Terre promise

Une longue traversée du désert en attendant la Terre promise puisque le club aura bientôt son propre terrain à Cousset après être passé par Bussy, Torny et Payerne. «Cette attente nous a appris la patience, je ne sais pas combien de clubs auraient tenu si longtemps dans ces conditions», s’interroge Mathieu. Voilà une motivation supplémentaire pour les anciens. «On espère tirer l’équipe jusque-là et être présents pour l’inauguration», souffle Blaise. Une révolution en perspective pour le SHC dirigé désormais par Kevin Chaperon dont l’avenir semble assuré. «Sans terrain, lancer un mouvement juniors était inconcevable jusqu’à présent, nos jeunes étant contraints d’aller à Léchelles, Bussy ou Torny pour jouer. Avoir un vrai chez-soi va tout changer. Vivement que les travaux démarrent!» se réjouit Mathieu, dont la passion sur le terrain est intacte, comme portier ou joueur.

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