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Sport

Romands au pied de la montagne

Réunis en camp de préparation le week-end dernier en Singine, les lutteurs du Team Romandie en ont profité pour resserrer les liens de camaraderie, à 20 jours de la fête fédérale de Pratteln. Parmi eux, les Broyards Romain Collaud, Stéphane Haenni et Simon Grossenbacher

Les lutteurs se sont mis dans les conditions d’une première passe au local de lutte à Planfayon.Photo alain schafer

Alain  Schafer

Alain Schafer

11 août 2022 à 02:00

Les Romands ont profité de l’air vivifiant des montagnes singinoises pour lancer la dernière ligne droite avant la fête fédérale de Pratteln. Au menu, un ultime entraînement en commun au local de lutte à Planfayon, une partie théorique au Campus du Lac-Noir, une ascension à Riggisalp, puis une descente sur trottinette, en évitant de se blesser. Ce serait trop bête à 20 jours du plus grand événement sportif suisse de l’année, autre montagne bien plus imposante, chasse gardée ou presque des Alémaniques, que les Welches s’apprêtent à gravir fin août. Décomplexés, ils rêvent de rééditer l’exploit de 2019. Les trois couronnes décrochées à Zoug avaient été une agréable surprise pour le staff. «L’objectif est de faire aussi bien, voire mieux», souffle Christian Schmutz, leur chef technique, pour qui l’excitation monte aussi. «On va bientôt savoir si nous avons bien fait notre job», sourit-il.

Si les couronnés fédéraux Benjamin Gapany (La Gruyère), Lario Kramer (Chiètres) et Steve Duplan (Aigle) seront les chefs de file du Team Romandie, d’autres ont le potentiel pour les épauler. «Les deux tiers de la délégation étaient déjà présents à Zoug, ils disposent de trois ans d’expérience supplémentaires et ont été globalement épargnés par les blessures ces dernières semaines. Les conditions sont donc favorables pour réaliser une bonne performance collective dans un groupe où règne une excellente ambiance. Ce n’est évidemment pas un gage de succès. Sur les 280 lutteurs en lice, il y aura forcément des déçus.»

Etre le premier depuis 1995

Un trio espère se mêler à la lutte et succéder peut-être à Manu Crausaz, dernier Broyard à avoir coiffé les lauriers fédéraux. L’exploit remonte à 1995. En 2016 à Estavayer, Vincent Roch avait échoué pour un quart de point. «C’est une motivation, tout en sachant que de nombreux facteurs doivent être réunis le jour J», confie Romain Collaud. Couronné à quatre reprises cette saison, le lutteur de Vallon est l’un des plus sûrs espoirs romands. Il aborde le grand rendez-vous avec confiance. «J’ai vécu une saison en dents de scie, avec une pause forcée sur blessure, une reprise réussie, un nouveau petit coup de mou et un retour en forme ces dernières semaines. Je suis désormais à 100% physiquement», se réjouit-il. Son coéquipier du club d’Estavayer Simon Grossenbacher est heureux de l’accompagner. Le lutteur de Prévondavaux a assuré son ticket sur le fil en remportant une couronne à la cantonale fribourgeoise à Léchelles. «J’aborde cette fédérale sans pression après une saison 2021 blanche chez les actifs et un début de saison marqué par des blessures.» A deux semaines de la fédérale, il mise sur le repos. «Je viens de commencer une deuxième formation comme agriculteur. Ces deux derniers jours, j’étais à l’alpage, c’est assez pénible, ajouter une charge d’entraînement me ferait plus de tort que de bien, il faut privilégier la récupération.» Approche partagée par Stéphane Haenni. «Mon expérience m’a appris que rien ne valait les heures de sommeil», confirme l’expérimenté lutteur de Vucherens qui n’a loupé aucune fédérale depuis 2010. «J’ai beau en avoir disputé quatre, je ressens toujours une appréhension et de la nervosité. Il ne faut pas s’arrêter de vivre pour autant. En tant que boucher, je sais qu’on n’engraisse pas le cochon juste avant de le mener à l’abattoir», rigole le membre du club de la Haute-Broye.

Si les Romands progressent, le fossé avec leurs homologues d’outre-Sarine reste difficile à combler. S’entraîner une fois par semaine à Kirchberg permet à Romain Collaud de le constater. «La mentalité est différente à l’entraînement, ça rigole moins. Eux, ils jouent leur vie à la fédérale. L’ambiance est un peu plus décontractée ici. Chacun sa méthode, mais ce n’est pas un hasard si les Bernois enchaînent les titres.» La comparaison s’arrête là. «Nous n’évoluons pas dans la même cour. Le sport roi en Suisse romande est le football. Chez les Bernois, c’est la lutte, dans chaque famille il y a au moins un lutteur. La discipline profite toutefois d’une meilleure visibilité en Romandie depuis 10 ans», souligne Stéphane Haenni.

Sur la bonne voie

Désormais bien structurés, les Romands semblent sur la bonne voie. «Sur le plan technique et dans l’encadrement, on s’est mis au niveau des autres associations. Le travail du comité est de continuer à promouvoir notre sport et d’attirer les jeunes», affirme Jacques Gottofrey, le président de l’association romande. Ce camp de préparation de deux jours a toute son utilité. «L’occasion de cultiver la cohésion de groupe, de vivre des moments de camaraderie, de toucher les habits et de savoir concrètement comment les choses vont se dérouler sur place», explique Romain Collaud, à qui il reste la fête du Schwägalp ce dimanche pour se mettre définitivement en condition.

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