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Sport

Son combat est sur l’échiquier

Sacrée championne d’Europe U16 en novembre, Mariia Manko défend les couleurs du club de Payerne dans le championnat suisse de groupes, près d’une année après avoir fui la guerre en Ukraine. Témoignage d’une passionnée.

Les échecs, une manière de mieux se connaître pour Mariia Manko qui joue depuis l’âge de 6 ans. Photo alain schafer

Alain  Schafer

Alain Schafer

26 janvier 2023 à 01:00

La vie est comme une grande partie d’échecs, avec des problèmes à résoudre et des défis à surmonter. Chaque joueur essaie de parer les coups adverses, prenant les meilleures décisions possible dans un temps de réflexion limité. Venue en Suisse pour échapper à la guerre ravageant son pays, Mariia Manko se bat sur un échiquier avec ses armes de prédilection: concentration, mémorisation et détermination, qualités particulièrement aiguisées pour ses 15 ans. Ces prédispositions lui ont permis de décrocher le titre européen U16 en novembre à Antalya en Turquie.

Une intégration rapide

Comment la jeune championne a-t-elle atterri à Payerne? «Elle cherchait un club pour lequel jouer. Comme il y avait peu d’opportunités à Fribourg, à part pour les débutants, elle nous a sollicités, nous présentant même un petit CV», explique Simon Stoeri. Le capitaine payernois a accueilli la nouvelle recrue avec joie. «Ses résultats sont assez incroyables pour son âge.»

L’intégration a été rapide. «Elle a déjà écrit des articles pour le club et nous a offert un échiquier signé par Magnus Carlsen, le numéro un mondial, sympa», sourit Simon. La joueuse ne regrette pas son choix. «Une copine m’avait recommandé le club. J’en profite pour améliorer mon anglais et apprendre le français», confie la jeune Ukrainienne rencontrée samedi avant un match du championnat suisse de groupes opposant Payerne à Riehen.

Partie de Kiev avec sa maman et sa sœur, l’expatriée a vu du pays. «On s’est rendues en bus en Pologne, puis en Allemagne. Installés ici depuis plusieurs années, des amis nous ont invitées en Suisse.» Après avoir vécu quelques mois à Givisiez, la famille a désormais son appartement à Fribourg. «Ça nous offre plus de liberté et on s’y sent en sécurité.» Resté au pays, le papa leur manque beaucoup. «On garde un contact par visioconférence» confie Mariia qui ne connaissait rien de son pays d’accueil. «A part les montres, la neutralité et la vie chère, sourit-elle. C’est un pays magnifique et j’ai déjà eu la chance de visiter des villes comme Zurich, Berne ou Morat. Je suis reconnaissante envers la fédération et tous ceux qui nous ont aidées», ajoute l’écolière que la petite cérémonie mise sur pied par le club après son titre européen a touchée. «J’ai reçu un bouquet, c’était supergentil, ils ont tous contribué à ce succès.»

Une part importante de sa vie

Une victoire mémorable. A égalité avec deux autres candidates, elle remportait l’or au départage. «Malgré une défaite en milieu de tournoi et la fatigue, je n’ai jamais abandonné, mais j’étais nerveuse après un nul au dernier match, le verdict a été une belle surprise.» En attendant que la guerre soit mise échec et mat, la jeune championne espère poursuivre sa progression en Suisse qu’elle va désormais représenter sur le plan international. «A court terme, j’aimerais augmenter mon rating, gagner en expérience. Plus tard, devenir grand maître», clame cette amoureuse des échecs. «Un sport où on ne s’ennuie jamais, qui permet de faire des rencontres, de voyager, qui enseigne la détermination et la discipline, c’est une part importante de ma vie.»

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