Sport différent, même combat

Si les petits ruisseaux font les grandes rivières comme le dit l’expression, les montants les plus modestes forgent les grandes performances dans le monde du sport où tout soutien financier est bon à prendre pour un jeune sportif en éclosion. D’autant plus en Suisse où les espoirs sont le plus souvent livrés à eux-mêmes, obligés de s’en remettre principalement à leurs parents et de trouver des sponsors pour vivre leur passion. Dans ce contexte, la création de Fribourg Sports en 2013 a été pour certains une ressource précieuse.

Cette année, 10 jeunes Fribourgeois ont bénéficié de ce fonds de soutien. Parmi eux, deux Broyards, Romain Collaud (lutte suisse), 20 ans, et Alessio Capodiferro (snowboard freestyle), 18 ans, qui ont eu l’occasion de se présenter mardi soir dans une salle annexe de la BCF Arena à Fribourg. A leurs côtés, Jan Gaillard (ski alpin), Maxime L’Homme (VTT), Livia Gross (triathlon), Nicolas Macheret (ski alpin), Alan Nardo (VTT descente), Elina Plüss (patinage artistique), Alizée Rusca (athlétisme) et Audrey Werro (athlétisme). Très talentueuse, cette volée a multiplié les exploits en 2022. «Voir d’autres jeunes pratiquer des sports différents, mais vivre le même combat pour progresser, est motivant et inspirant», confie le duo. «L’occasion aussi de faire du réseautage et de rencontrer de potentiels sponsors», souligne Romain.

Les deux cracks ont dû répondre à plusieurs critères. «Pour être candidat, il faut pratiquer un sport individuel, avoir moins de 23 ans, un haut potentiel au niveau national et international, tout en visant des objectifs ambitieux. Les admissions se font sur dossier puis sur un entretien», explique le président Bernard Chassot qui a intégré la coopérative depuis le début. «A la base, Christophe Fragnière, ancien joueur de foot puis entrepreneur, a créé une cagnotte dans laquelle plusieurs entreprises fribourgeoises versent une cotisation de 1000 francs par année. Aujourd’hui, elles sont 16, mais nous sommes toujours à la recherche de nouvelles sociétés, même si le Covid n’a pas simplifié les choses.»

Les sportifs soutenus reçoivent une enveloppe de 2000 francs et un supplément de 500 francs si l’objectif fixé avec le comité avant la saison est atteint. Ce bonus, Romain a chaque fois réussi à le décrocher. «Le premier était une couronne chez les actifs. Pour le deuxième, mon but était de récolter une couronne romande, j’avais fait mieux en décrochant une alpestre. Cette année à la Fédérale, je visais les 8 passes, j’ai conquis la couronne», savoure le lutteur de Vallon qui a rejoint la coopérative en 2018 grâce au bouche-à-oreille. «Viviane, la cousine de mon papa, fait partie du comité, ça aide», sourit-il. L’existence de la structure est relativement méconnue. «Nous recevons habituellement 25 à 30 dossiers, on n’en retient pas plus de 10 au final», précise Bernard Chassot. L’intérêt devrait augmenter à l’avenir, la coopérative s’affichant désormais sur les réseaux sociaux. Une bonne nouvelle pour Alessio. «J’ai la chance d’avoir un sponsor fidèle qui me suit depuis l’âge de 8-9 ans, mais tous les montants sont les bienvenus», glisse le freestyler de Ménières, dont une année au centre de performance d’Engelberg coûte 40 000 francs.

Les deux espoirs broyards préparent déjà la saison prochaine. Pas dans les mêmes conditions. Romain peut s’entraîner quand il le veut dans la sciure. «Même s’il a grimpé, le prix du bois n’est pas encore trop cher», rigole-t-il. Alors qu’Alessio ronge son frein depuis des mois à cause du manque d’enneigement. «Je n’ai pu effectuer aucune préparation sur la neige depuis mai, ça ne m’était jamais arrivé. Heureusement qu’il y a un Air Bag à Leysin pour s’entraîner.»

Encore auréolé de sa couronne fédérale, Romain aura la fête d’Unspunnen comme principal objectif en 2023. «Une compétition encore plus sélective que la Fédérale qui se déroule tous les 6 ans, avec une soixantaine de lutteurs seulement, dont une dizaine de Romands. Il faudra emmagasiner les bons résultats pour décrocher son ticket», estime Romain qui a pris 6-7 kilos durant la pause. «Ne reste plus qu’à les convertir en muscles.» Alessio continuera sa progression sur le circuit de l’Europa Cup notamment, pour autant que la neige veuille bien tomber. «J’espère me rapprocher de l’équipe suisse élite, mon but ultime.» Les 10 jeunes élus fribourgeois partagent le même objectif, continuer à faire rêver leurs fans. «Nous sommes très fiers de vous avoir choisis», leur a lancé Bernard Chassot.