Tous portés vers un but commun

Le rafroball, un sport intégrateur où tout le monde tire à la même corde, avec un objectif commun pour chacune des équipes, le plaisir de jouer, valides ou personnes en situation de handicap confondus. L’ouverture du championnat suisse samedi dernier à Payerne a montré que l’organisation d’un tel événement était l’œuvre d’une véritable fourmilière formée de gens de bonne volonté. Des organisateurs du club de RafroPayerne aux arbitres, en passant par les accompagnants, entraîneurs, membres de l’association de rafroball et tous les autres bénévoles, à l’instar du Team But, équipe composée notamment de Vincent Cotting, Philippe Duboux, Dominique Sartori et Claude Verdon, toujours disponibles pour aider et ranger.

Restait aux joueurs à faire le spectacle sur le terrain. Là aussi, mission parfaitement réussie. L’un des plus enthousiastes était sans doute Patrick Maurer qui gardait la cage de Payern’Amine en ligue sport. Maurer, un nom de famille prémonitoire dont la signification en français (maçon) a illustré fidèlement sa solidité lors du deuxième match de son équipe. Le dernier rempart avait sorti la truelle et les briques pour ériger un mur devant les filets suite au score fleuve concédé face à Soleure (9-9). A la clé, un blanchissage inédit contre Rafro La Tchaux, battu 5-0. «C’est la première fois que je ne prends aucun but», savoure le portier qui joue pourtant au rafroball depuis 2011. «J’avais déjà testé la discipline à Lausanne avant de venir à Payerne car je connaissais Anouk Tschanz (l’une des fondatrices du club) qui m’en avait parlé», confie-t-il.

Le rôle de gardien peut sembler parfois ingrat. «Ça me frustre de prendre beaucoup de buts, mais j’arrive à relativiser le plus souvent, la frustration est surtout dirigée contre moi-même, plus que contre les défenseurs. Chaque balle arrêtée est un but en moins», assure le Villarois de 31 ans qui s’est même permis le luxe de marquer un but. «Avec un peu de réussite car la balle a rebondi sur ma chaise avant de rentrer. J’aime bien aussi évoluer comme joueur de champ, marquer et faire de belles passes.» Cette fois, il s’est montré irréprochable dans la cage. «Il fallait être attentif, en face il y avait un grand piéton (joueur autorisé à jouer debout) qui pouvait tirer de loin.»

Atteint de paralysie cérébrale, Patrick vit en chaise roulante depuis sa tendre enfance, lui conférant une grande dextérité et énormément de rapidité. Si le rafroball est l’une de ses activités de prédilection, il se passionne pour tous les sports, comme le tennis, le monoski ou le bateau à voile où il a signé ses plus grands exploits. «J’ai été champion du monde en classe Hansa 303 en 2016 aux Pays-Bas en double», confirme ce sportif polyvalent dont le rêve est de disputer un jour les Jeux paralympiques. «Pour autant que la classe Hansa y soit présente un jour et que je puisse assumer financièrement. Une saison coûte 10 000 francs et c’est dur de trouver des sponsors», souligne Patrick qui a son propre site web (chrispat-sailingteam.ch).

Pour l’heure, Payern’Amine occupe la 2e place provisoire du classement avec 4 points. Moins de réussite pour la seconde équipe locale, Vita Payerne, battue en ligue fun par Super Potes (Sierre, 3-5) et Rafro Vaches (Fribourg, 1-2) malgré un magnifique engagement. La première victoire attendra un peu.

Leur motivation a suscité l’admiration du public venu en masse samedi à la Halle des fêtes pour les encourager. Parmi les spectateurs, les autorités communales représentées par le syndic de Payerne Eric Küng et le municipal Edouard Noverraz, sans oublier le président de l’Association de rafroball Frédéric Meyer ou Roger Jaquiéry, l’un des fidèles sponsors. Chacun avait une raison de se réjouir.

Plus d’infos sur www.rafroball.org ou www.procapsport-broye.ch