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Un sport sans frontières

PORTRAIT Ceinture noire et champion du Cameroun en 2017, Olivier Mani a débarqué en Suisse l’automne dernier presque par hasard. Une aubaine pour le Judo-Club Avenches et ses jeunes.

A Avenches, Olivier Mani a trouvé une deuxième maison où il espère poursuivre sa progression.Photo alain schafer

Alain  Schafer

Alain Schafer

3 février 2022 à 01:00

Il y a des vents plus porteurs que d’autres. Celui d’Olivier Mani l’a amené de Yaoundé en Suisse après une escale en Belgique. «J’avais un visa pour étudier là-bas, mais la formation proposée ne correspondait pas à mes attentes. J’ai préféré venir en Suisse pour soutenir ma tante qui était enceinte», confie le judoka de 28 ans dont l’un des premiers réflexes a été de trouver un judo-club dans la région. C’est à Avenches qu’il a trouvé son bonheur. «Quand il m’a contacté, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’ai remarqué tout de suite qu’il avait un excellent niveau», confie Marc Favre, responsable de la relève et coach J + S.

Des jeunes réceptifs

Une aubaine pour les jeunes qui bénéficient désormais des conseils d’un champion du Cameroun (–60 kg), ceinture noire et classé 3e de l’African Open en 2017. «Les enfants sont moins disciplinés qu’au Cameroun où l’éducation est plus stricte, mais se montrent très réceptifs. Il suffit d’être patient et d’adapter l’enseignement, j’apprends moi-même beaucoup», assurait-il lundi dans le dojo broyard en marge d’un entraînement.

Dans un pays où le football est roi, difficile de se faire une place. Ce contexte ne l’a pas freiné. «Personne dans ma famille ne pratiquait le judo. Etant d’une nature timide, il m’a permis de m’extérioriser, de prendre des responsabilités et de découvrir mon esprit de compétiteur.» La vie a essayé de le mettre au tapis. En 2017, cet aîné d’une fratrie de cinq enfants perdait son papa, puis sa maman l’année suivante. Ce coup du sort l’incitait à prendre ses distances avec sa passion. «Il a fallu du temps pour m’en remettre. Ce retrait provisoire m’a notamment coûté ma place en équipe nationale.»

L’homme a su rebondir grâce à cette force de caractère qui lui avait permis de décrocher le titre national, un mois après une défaite surprenante au premier tour des Jeux universitaires dont il était l’un des favoris. Aujourd’hui, il a retrouvé sa motivation et est prêt à revenir au plus haut niveau.

Pas le temps de s’ennuyer

Sa récente 3e place au tournoi national de Morges (–66 kg) a prouvé qu’il était sur la bonne voie. De quoi lorgner les Jeux de Paris en 2024 et marcher sur les traces de ses compatriotes Vanessa Mballa et Arrey Sophina, sélectionnées en 2021 à Tokyo? «Un défi difficile car le niveau international est très élevé, mais il faut avoir des objectifs ambitieux pour avancer.»

Avec deux entraînements donnés hebdomadairement, sa préparation individuelle et les séances de cross training, Olivier Mani n’a pas le temps de s’ennuyer. En attendant une licence qui devrait lui permettre de combattre bientôt avec Romont dans le championnat suisse de 1re ligue. «Ce n’est jamais assez pour moi», rigole le judoka, pas encore totalement habitué aux rigueurs du climat helvétique. «Il fait vraiment froid et tout est différent ici. Heureusement, le judo est un moyen idéal pour s’intégrer!»

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