Les arènes aux soins intensifs

Cette fois, l’amphithéâtre romain n’y coupera pas. Des travaux d’envergure devront être entrepris pour sauvegarder ce monument qui trône depuis presque deux mille ans sur la colline d’Avenches. Cette restauration commencera en 2022 et sa durée n’a pas encore été arrêtée, a fait savoir le Conseil d’Etat vaudois dans un communiqué.

Le temps, les rigueurs du climat et les manifestations ont contribué à fragiliser ce site antique. Les travaux porteront essentiellement sur la voûte du porche, précise Philippe Pont, directeur général pour la Direction des immeubles et du patrimoine. Une chute de pierres, sous cette voûte portant la tour du musée, avait conduit à condamner provisoirement le passage en 2017. Le canton a sécurisé l’endroit l’an dernier, mais une restauration en profondeur doit être menée.

Problème pour les deux grandes manifestations qui occupent le site, Rock Oz’Arènes et Avenches Tattoo: l’amphithéâtre devra être fermé sur toute la durée des travaux. «Considérant la durée et les spécificités de l’intervention, il est apparu que seule une fermeture continue du monument, tout en restant accessible aux visiteurs, permettait une conduite efficiente des travaux», écrit le Conseil d’Etat. Un crédit d’étude devrait être demandé au Grand Conseil cet automne. Ces études, menées par une équipe pluridisciplinaire, permettront d’établir les variantes possibles, l’organisation du chantier dans le temps ainsi que son coût.

Cette décision concerne-t-elle également le Musée romain installé dans la tour médiévale? Philippe Pont répond par la négative. «Les interventions porteront sur la structure extérieure en dessous de la tour. Le musée ne sera pas impacté», souligne-t-il. De son côté, Nicole Minder rappelle qu’«à ce stade, il s’agit surtout d’une déclaration d’intention de la part du Conseil d’Etat. Le projet doit maintenant faire l’objet d’une étude détaillée».

Cheffe du Service des affaires culturelles au Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, elle précise aussi qu’une médiation culturelle, dont la forme n’est pas encore définie, devrait accompagner les travaux. Il pourrait par exemple s’agir de panneaux explicatifs ou de visites guidées. «Nous ne voulons pas juste d’un chantier avec des barricades», insiste-t-elle.

Ce vaste projet de restauration devrait également tenir compte de l’utilisation future du site par les festivals et autres manifestations. Cela pourrait aller de la pose d’ancrage pour faciliter l’installation des gradins ou l’électricité. «Rien n’est pour l’heure défini, mais cet aspect sera intégré aux réflexions», indique Nicole Minder.

Bien qu’attendu, le coup reste rude pour les deux festivals de la place, déjà contraints d’annuler leurs éditions cette année en raison du coronavirus. Rock Oz’Arènes comme Avenches Tattoo tiendront une édition en 2021 dans les arènes. Après quoi, les organisateurs devront se trouver une alternative pour plusieurs années. A les entendre, la survie de leur festival ne serait pas remise en cause. «C’était dans l’air», avoue pour sa part Ludovic Frochaux. Le directeur d’Avenches Tattoo confirme que plusieurs pistes sont étudiées.

«Tout est ouvert. L’enjeu sera de réussir à relocaliser notre festival dans un endroit qui apporte quelque chose.» Ludovic Frochaux reconnaît que la situation est délicate, mais il se dit rassuré par la volonté cantonale, à long terme, de continuer à faire vivre ce lieu avec des spectacles.

Membre du conseil de fondation de Rock Oz’Arènes, Charlotte Carrel estime aussi que cela permettra un retour dans les arènes «dans de meilleures conditions». «Les contraintes devenaient de plus en plus compliquées ces dernières années», avoue-t-elle, citant par exemple la fermeture du bar des artistes sous la voûte. «Il est trop tôt pour en dire plus, mais nous étudions un plan B et un plan C», indique-t-elle.

Les deux festivals resteront-ils à Avenches pendant les travaux? Leurs organisateurs n’en pipent mot, mais du côté de la commune, on espère que ces manifestations ne quitteront pas la région. «Nous entrerions avec plaisir en matière pour aider ces festivals à rester sur la commune», réagit la municipale Laure Ryser, en charge de la culture, du tourisme et de la sécurité.