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Une savoureuse page culinaire se tourne

Jean-Daniel et Brigitte Storrer ont remis la clé de l’Hôtel-de-Ville au suivant. Retour sur près de 35 ans d’activité.

Brigitte et Jean-Daniel Storrer, reconnaissants pour les belles années à l’enseigne de l’Hôtel-de-Ville.Photo PK

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

3 décembre 2020 à 01:00

Le roi de l’entrecôte Gerle, Jean-Daniel Storrer, ainsi que son épouse Brigitte ont rendu définitivement les clés de l’Hôtel-de-Ville, propriété de la commune de Cudrefin, qu’ils auront tenu durant presque 35 ans. Retraité depuis 2013, Jean-Daniel était pourtant loin de rester inactif, donnant des coups de main à Brigitte, patronne des lieux.

Le changement de tenanciers, d’abord prévu au 31 décembre, a été accéléré par les fermetures liées à la situation sanitaire. Un crève-cœur pour les Storrer. «C’est une fin dramatique, regrette Brigitte. On prévoyait de fermer le 22 novembre, avec un sympathique apéritif pour remercier nos fidèles clients.»

Une ouverture «fracassante»

La transition se fera donc dans la grisaille de cette fin d’année. Le repreneur du bail espère ouvrir avant les fêtes (lire ci-contre). L’ambiance était bien différente, le 13 juin 1986, lorsque Jean-Daniel et Brigitte reprennent l’hôtel-restaurant de la Grand-Rue. Le Neuchâtelois, cuisinier de formation, avait fait ses armes chez Swissair à Kloten, à l’hôpital de Perreux ainsi qu’à l’Hôtel City à Neuchâtel, comme chef de cuisine pendant six ans.

Pour Brigitte, en revanche, tout était à apprendre. «Je ne savais même pas déboucher une bouteille de vin, mais on a engagé une sommelière professionnelle qui m’a beaucoup appris», raconte dans un sourire cette Broyarde de Villeneuve. A l’entendre, ce fut une ouverture «fracassante» ! «Les gens venaient, on n’avait pas assez de place pour accueillir tout le monde», se rappelle Jean-Daniel. Ancienne ville savoyarde, Cudrefin avait tout d’un village dans les années 1980, avec tout juste 600 habitants, contre presque trois fois plus aujourd’hui.

«C’était une autre époque, on travaillait parfois jusqu’à dix-huit heures par jour, on était toujours là», relève Jean-Daniel. On imagine la Jeunesse d’alors et les habitués trinquer à l’heure de l’apéro. Si les modes de vie ont changé avec les années, la réputation de l’Hôtel-de-Ville en matière culinaire n’a jamais été démentie. «On a eu des années magnifiques», souligne Brigitte.

Outre les clients des environs, les gens venaient de Bâle, Aarau ou encore Genève pour déguster leurs filets de perche. Quand ce n’étaient pas les Neuchâtelois, à la recherche du très apprécié beurre Gerle.

Cette sauce, un beurre fait maison qui accompagne la viande, remontait à l’ancienne recette neuchâteloise de l’entrecôte Gerle. C’était la grande spécialité de l’Hôtel-de-Ville de Cudrefin. Jean-Daniel cuisinait déjà cette recette au secret bien gardé à l’Hôtel City. Après son départ, son chef lui a permis de la reproduire. «Sans vouloir me vanter, je possède la vraie recette, car c’est celui qui l’a inventée qui me l’a transmise.»

Très bon copain avec Gilbert Facchinetti, président de Neuchâtel Xamax qui a fait les belles années du club, Jean-Daniel se souvient avoir reçu de nombreux présidents de formations de premier plan à sa table, comme le Real Madrid, l’AS Roma ou le Dynamo Kiev. Il se souvient même être allé cuisiner pour Xamax en Moldavie à l’occasion d’un tournoi. Les Storrer ont aussi accueilli le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz, ou encore Alain Morisod et ses Sweet People.

Aujourd’hui, Brigitte et Jean-Daniel coulent des jours heureux dans leur maison de Cudrefin. Le couple s’est très vite senti intégré de ce côté-ci du lac de Neuchâtel et se dit reconnaissant pour les bons contacts, aussi avec la commune, établis au fil des années. «Les habitants ont vraiment joué le jeu», dit Jean-Daniel. Les «anciens» jeunes revenaient régulièrement en famille avec leurs propres enfants.

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